Le 2 juillet 2021
Si le récit décrit avec âpreté et passion les ravages de l’apartheid chez des jeunes soldats réquisitionnés par l’Etat, à vouloir trop en faire, le film cède au risque de la complaisance.
- Réalisateur : Oliver Hermanus
- Acteurs : Mark Elderkin, Luke Tyler, Kai Luke Brummer, Michael Kirch
- Genre : Drame, Romance, Film de guerre, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique, Sud-africain
- Distributeur : Outplay Distribution
- Durée : 1h44mn
- Titre original :
- Date de sortie : 7 juillet 2021
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Résumé : 1981, Nicholas a 16 ans. Comme tous les jeunes blancs Sud-Africains de son âge, il doit accomplir son service militaire pendant deux ans. Durant cette période, le gouvernement sud-africain, blanc, raciste et ségrégationniste, mène une politique étrangère qui vise à combattre les communistes et die swart gevaar, "le danger noir". Nicholas est envoyé sur le front au sud de l’Angola pour défendre le régime de l’apartheid. Il tente alors de survivre tant aux horreurs de la guerre qu’à la brutalité de l’armée.
Critique : Ils n’ont que seize ans et leur réquisition au sein de l’armée sonne comme un cauchemar. Nick n’échappe pas à ce tragique destin, d’autant que, dès les premières séquences où il quitte son père, on sent qu’il aura, en sus de la violence du service militaire, à gérer ses désirs invertis. C’est peut-être là où le long-métrage d’Oliver Hermanus se perd, dans un objectif plus confus, au lieu de centrer son récit sur les ravages de l’apartheid en Afrique du Sud et les effets dévastateurs que ce combat d’une autre époque a eus sur les jeunes générations. En fait, la grande partie du film se déroule dans la caserne où les adolescents sont préparés à la guerre, sous le commandement d’un sergent harceleur et cruel. Ainsi, on assiste aux humiliations, aux tortures physiques et psychologiques, aux brimades en tout genre, au milieu desquels alternent des scènes sensuelles, valorisant les attraits de ces jeunes garçons.
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Voilà donc tout le problème de Moffie. Le long-métrage ne parvient pas à choisir entre la description de ces brimades quotidiennes, souvent montrées au cinéma, et l’initiation amoureuse entre le héros principal et un camarade d’armée. Oliver Hermanus dénonce, en plus du racisme qui hantait l’Afrique du Sud, la discrimination sexuelle contre toutes les formes de minorités. Le réalisateur veut beaucoup dire dans ce récit. Et le mixage de scènes proprement insupportables, où les jeunes gens sont humiliés par le sergent, avec des scènes quasi érotiques, révèle, sinon un soupçon de complaisance, du moins un risque de fascination sexuelle du Mal. De plus, le casting a pris le soin de retenir des comédiens tous aussi beaux les uns que les autres, ce qui confère à ce drame une connotation résolument sensuelle. L’acteur principal illumine tout l’écran par sa beauté, faisant perdre de vue le propos cruel du long-métrage.
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La dernière partie, qui décrit les battues des soldats à la frontière des terres où vivent les communautés noires, est assez décevante. Le manque manifeste de moyens ne permet pas au cinéaste d’aller au bout de ses ambitions. On assiste alors à une petite guerre, alors que l’apartheid constitue une des pires barbaries dans l’histoire de l’humanité. Cette aparté n’était absolument pas utile au récit, qui aurait pu se concentrer sur l’enfer de la préparation au combat dans la caserne. Bref, Moffie passe à côté de son sujet. Le spectateur reste sur sa faim, avec un sentiment assez mitigé, sans savoir s’il a visionné une romance gay ou un récit de guerre.
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