Le 26 avril 2024
Une romance agréable qui vaut par son montage subtil et ses ruptures de ton. On regrettera des afféteries stylistiques qui nuisent à la rigueur de l’ensemble.
- Réalisateur : Luca Guadagnino
- Acteurs : Zendaya , Josh O’Connor, Mike Faist
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+, Teen movie, Film de sport
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h11mn
- Date de sortie : 24 avril 2024
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Résumé : Durant leurs études, Patrick et Art, tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface.
Critique : De Sérénade à trois à Mélo, en passant par César et Rosalie, l’histoire du cinéma a traité le thème du triangle amoureux sur plusieurs angles. Le long métrage de Luca Guadagnino a de réels atouts mais n’est pas pleinement abouti. Disons qu’il se situe qualitativement entre Jules et Jim et l’oubliable Deux garçons, une fille, trois possibilités (Threesome), kitschissime variation signée Andrew Fleming (1994). On pouvait être à la fois impatient et agacé de voir Guadagnino s’emparer à son tour de ce sujet. Car d’une part, il reste le réalisateur du très beau Call Me by Your Name, modèle de romanesque et l’un des films les plus touchants de ces dernières années. D’autre part, il est loin d’avoir donné le meilleur de lui-même avec Amore ou Bones and All. Et si son Suspiria, remake du film culte d’Argento, ne manquait pas de classe, le réalisateur avait complètement raté celui de La piscine, avec A Bigger Splash.
- Zendaya, Josh O’Connor
- © 2024 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All Rights Reserved.
Produit par Zendaya et écrit par Justin Kuritzkes, Challengers démarre son récit en 2019. On y suit un couple de tennismans de haut niveau, Tashi et Art, en déplacement pour un tournoi important auquel doit participer le mari. Ce couple de trentenaires, nageant dans le dollar et en apparence équilibré, loge dans un hôtel de luxe en compagnie de la grand-mère et de leur petite fille. Une autre séquence montre alors Patrick, autre tennisman de leur âge, être refoulé au check in de son motel minable, au prétexte que sa carte bancaire n’est pas valide. C’est alors qu’un flash-back de treize années nous transporte dans un campus. Art et Patrick, alors étudiants passionnés de tennis, décident de draguer la jeune championne locale, Tashi...
Comme dans Call Me by Your Name, le film cerne avec acuité les ravages de la désillusion amoureuse, avec ici un glissement de la légèreté au drame, du teen movie potache à la tragédie de mœurs, qui lui donne une tonalité ophulsienne. Tantôt complices ou rivaux, sur les plans affectif comme professionnel, les trois jeunes gens sont partagés entre leurs pulsions amoureuses et sexuelles et leur confort matériel, quitte à faire des concessions qui se retournent contre eux. L’autre intérêt du long métrage réside dans son montage habile. Si le procédé n’est pas nouveau, Lucas Guadagnino parvient à susciter l’intérêt et le trouble du spectateur en alternant plusieurs dimensions temporelles, même si le sentier reste malgré tout balisé, cheveux raccourcissant avec les années ou sous-titres situant la date de la séquence... Le résultat est estimable aux niveaux artistique et technique et Guadagnino a un réel sens de l’atmosphère (la bourrasque lors d’un rendez-vous nocturne).
- Mike Faist, Josh O’Connor
- © 2024 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All Rights Reserved.
Mais c’est en même temps là que le bât blesse : le film n’échappe pas à une esthétique publicitaire, ce qui n’est guère étonnant quand on sait que le cinéaste est passé par le vidéo-clip. L’abus de ralentis et de faux suspense lors du match final marque réellement les limites du dispositif, d’autant plus que l’œuvre est desservie par une musique atroce. En tout cas, Zendaya actrice révèle un vrai tempérament dramatique ; son rôle de femme plus ou moins fatale, arriviste et individualiste, pourra dérouter ses fans. On apprécie aussi l’impeccable Josh O’Connor, qui ne cesse d’étonner depuis Seule la terre. Le joli Mike Faist est un peu plus fade, même s’il parvient à dévoiler les failles de son personnage. Au final, cette œuvre imparfaite mais agréable peut mériter le détour.
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