The future embrace

Billy Corgan a mal. Après la dissolution des Smashings Pumpkins et la tentative avortée de Zwan, il se retrouve seul avec ses angoisses, ses frustrations et sa mégalo. Autant d’arguments pour publier un premier disque solitaire à valeur de catharsis et se laisser aller au gré des songes tourmentés et du vent mauvais.

Ceux qui ont toujours secrètement espéré voir un jour Billy Corgan nu devraient être comblés. Contre toute attente, The future embrace est une photographie unique de la psyché allumée et poétiquement décalée de l’ancien seigneur noir du rock : plages musicales éthérées, abandon des grosses guitares pour des claviers mélancoliques et des arrangements torturés, le nouveau Corgan surgit là où on ne l’attendait pas. Le tout ne ressemble en rien à ce qu’a déjà accompli Billy, se rapproche par moment du sublime Adore, sans en égaler toutefois la beauté ni la densité.
La première écoute déroutera invariablement le fan transi des Smashing : en particulier ce son eitghties très marqué avec une nette prédominance pour des plages uniformes de claviers saturés et des mélodies tarabiscotées. Billy Corgan, cet Edward aux mains d’argent inconsolable, exorcise ses fantômes adolescents de sa voix aigrelette, se rappelle sa dernière claque amoureuse (le très beau Camera eye), klaxonne devant la maison de son pote Robert Smith au volant d’une Batmobile décousue. A eux deux, ils reprennent To love somebody des Bee Gees et la font sonner comme un hymne teenage gothique plutôt réussi.
La grande force de ce disque est au moins de ne pas sonner comme un ensemble de démos des Smashing Pumpkins mais comme une page cohérente de l’histoire de Billy Corgan. Derrière l’élégie (Walking shade) se profile même quelque chose de positif et apaisé : comme si notre cher Billy se retrouvait, enfin, de nouveau prêt à arpenter le monde et à s’offrir à lui. Récemment, ce dernier annonçait d’ailleurs publiquement sa volonté de reformer le groupe qui l’a fait naître. Une coïncidence ?