The eraser

Le leader de Radiohead sort son premier projet solo. Une descendance purement électro entre Amnesiac et Kid A. Une vision à la fois autiste et populaire de l’univers fascinant de Thom Yorke.

On pouvait s’attendre au pire quand l’info est tombée. Un disque d’expérimentations inaudible, le jouet solo d’un génie du rock du XXIe siècle. C’était il y a quelques mois. Alors que Radiohead prépare une tournée pour l’été 2006 et un album dans la foulée (début 2007), le leader du groupe pense à autre chose. Son album solo produit en collaboration avec l’ingénieur du son de toujours Nigel Godrich est dans les starting blocks. Stupeur, nous apprenons même que ce projet, manipulé avec précaution par son géniteur, est depuis longtemps dans les valises du leader du quintette d’Oxford. Exit Radiohead ? Non répond Yorke. The eraser ne doit pas est pris comme l’album d’un chanteur prêt à fuir son groupe mais plutôt comme le complément essentiel à la discographie du quintette. Une sorte d’excroissance génétiquement modifiée du travail de Radiohead, nécessaire à l’accomplissement du groupe.
Atmosphère noire et ouatée, blips et cracks à chaque coin de portée, un univers angoissant et hypnotique, voilà à quoi ressemble cette galette. Neuf titres qui permettent à Yorke de s’amuser et d’expérimenter comme bon lui semble. De pousser ses propres compositions dans leurs derniers retranchements et d’inviter l’auditeur à un sublime voyage en apesanteur où viennent se cotoyer pêle-mêle perle pop (The eraser) et électro minimaliste (Atoms for peace). Mais tout ce travail digne d’un petit chimiste n’est jamais fait au détriment des compositions pures et touchantes du p’tit gars d’Oxford. En trouvant une fois de plus un équilibre parfait pour mettre en avant sa voix et ses textes, Thom Yorke frappe à nouveau un grand coup. Réussissant là où tant d’autres ont échoué en produisant un premier disque solo à la fois barré et de grande qualité. Cet homme n’a décidemment pas fini de nous surprendre.