Au nom du père
Le 26 avril 2013
La place vide du père : un drame sur la disparition dans l’Israël contemporain


- Réalisateur : Raphaël Nadjari
- Acteurs : Limor Goldstein, Michael Moshonov, Yonathan Alster, Shmuel Vilozni
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Américain, Français
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 30 mai 2007
- Festival : Festival de Cannes 2007, Sélection officielle Cannes 2007 (en compétition)
La place vide du père : un drame sur la disparition dans l’Israël contemporain
L’argument : Ce n’est même pas un accident, à peine une sortie de route. Pour éviter un accrochage, Eli (Shmuel Vilozni) propulse sa cylindrée sur la bas côté et fait dévier de son cours tranquille l’existence de toute sa famille, de sa femme Alma (Limor Goldstein) et leurs deux fils Menachem (Michael Moshonov) et David (Yonathan Alster). Entre le moment où Menachem est allé chercher des secours et celui où il revient, son père a disparu dans la nature.
Notre avis : Un drame comme une caresse : Tehilim a beau avoir la noirceur de la disparition, le film de Raphael Nadjari a le pixel frais, comme mouillé grâce à la DV. Cette humidité est à la fois une protection aqueuse, un film protecteur disposé sur l’image, et un débordement lacrymal.
Laissant dans l’expectative ses proches, Eli - le pater familias de l’histoire - s’est littéralement volatilisé après un accident de la route : rien de spectaculaire, pas de tôle froissée ou de blessé. C’est d’ailleurs sa disparition, source de peine, qui est le véritable accident de Tehilim. L’absence du père court-circuite les relations des protagonistes, tous amenés à redéfinir leur place dans leurs habituels cercles sociaux. Le film se déploie alors sur le conflit des orthodoxes et des laïcs, doublé d’aléas générationnels : Alma, la mère, représente un Israël épris de "normalité", délesté de religion. Le grand-père, lui, organise une école talmudique où élèves et parents ne font qu’un.
Les recoupements du religieux et de l’intime sont ainsi la matrice de ce film subtil. Si la loi juive, aussi bien le légalisme et les écritures saintes, refuse de convertir une disparition en mort, comment faire le deuil, s’immerger à nouveau dans la vie ? Toute l’existence de Menachem se mue en un processus d’appel au divin. Le Très-Haut entendra, pensent-ils tous, les prières d’appel au retour d’Eli. C’est sans compter l’image presque lynchienne de la voiture accidentée sur un parking derrière l’appartement familial : un cadavre froid, seule preuve au fond, que cet événement caressant, sans heurts, a bien eu lieu.
Norman06 26 avril 2009
Tehilim - la critique
Œuvre estimable, moins aboutie que l’excellent Avanim du même réalisateur. Encore un beau portrait d’aliénation familiale mais il manque un véritable style d’auteur.