Le 1er août 2018
Le cinéma canadien s’intéresse décidément à la musique. Après les rythmes salvateurs de La passion d’Augustine, Mobile étoile se consacre à la musique sacrée et surtout à la nécessité de lui rendre vie. Hélas, un scénario inabouti peine à nous convaincre.
- Réalisateur : Raphaël Nadjari
- Acteurs : Géraldine Pailhas, Luc Picard, Félicia Shulman
- Nationalité : Français
- Distributeur : Zootrope Films
- Box-office : 7987 entrées France / 3618 entrées P.P.
- Date de sortie : 27 avril 2016
L’argument : Hannah, chanteuse passionnée de musique classique, dirige une chorale à Montréal avec son mari Daniel, pianiste. Ils vivent de concerts de création de musiques françaises sacrées, véritables trésors du patrimoine, composées pour les synagogues de France fin XIXe-début XXe. Mais depuis quelques temps, ils peinent à maintenir leur groupe vocal à flot. Et alors qu’ils recrutent Abigail, une jeune fille fragile et surdouée qui leur redonne de l’espoir, l’ancien professeur d’Hannah, Samuel arrive à Montréal avec une ancienne partition perdue.
- © 2016 Zootrope Films. Tous droits réservés.
Notre avis : L’intention est louable et dès le début du film, on est séduit par cette nécessité absolue de faire renaître des morceaux oubliés du patrimoine musical. L’opiniâtreté de ce couple d’artistes est touchante. Ils surmontent toutes les embûches semées sur leur passage : incompréhension des instances censées les aider, subventions promises qui tardent à arriver, locaux inaccessibles pour cause de loyers impayés. Rien ne peut les arrêter. Ils ont entraîné leur fils, un grand ado violoniste dans leur passion. Pas sûr d’ailleurs qu’il ait eu d’autre choix. Pour lui pas de copain, ni de sorties. Pas un seul instant, on ne peut douter de la dévotion musicale de cette famille. Au-delà de cette famille de sang se crée une famille artistique, puisque quelques amis viennent se joindre à eux pour former ce chœur vocal soudé. Les premières répétitions nous emportent au gré des musiques originales de Jerôme Lemonnier. Les comédiens sont loin d’être mauvais. Géraldine Pailhas, vocalement doublée par Natalie Choquette, tient certainement là l’un de ses plus beaux rôles.
Et pourtant, ça ne fonctionne pas. Car entre répétitions et captations, l’histoire patine. On ne comprend pas vers quoi le réalisateur veut nous entraîner. Le rapport au sacré cher à Raphaël Nadjari et tel qu’il nous l’avait laissé entrevoir ne peut se satisfaire de ces longues séquences musicales, si belles soient-elles. L’arrivée de la jeune Abigail nous laisse espérer un regain d’intérêt. Eléonore Lagacé est pourtant charmante et dotée, à coup sûr, d’une bien jolie voix (l’une des voix les plus prometteuses de la scène québécoise actuelle) mais sa présence ne suffit à relancer le récit. C’est finalement Samuel, un homme à la forte personnalité, ex-professeur de chant d’Hannah qui apportera le piment nécessaire à cette situation inerte. De lui, on ne sait pas grand-chose. Qui est-il par rapport à Hannah ? Elle semble totalement sous son emprise et quand la jeune Abigail tente d’imposer la modernité d’une partition, il s’y oppose violemment créant une scission au sein du groupe. De bon petit soldat Hannah se transforme en cheftaine autoritaire et la chorale n’est plus que querelles intestines et débordements d’ego. Nous voilà bien loin de la promesse d’origine. A n’en pas douter, le réalisateur est passé à côté de son sujet.
- © 2016 Zootrope Films. Tous droits réservés.
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tifroumi 17 février 2018
Mobile Etoile - la critique du film
une petite perle ce film...