Supérette stories
Le 5 juillet 2006
Un fourre-tout incompréhensible, tout juste propre à provoquer la stupéfaction. Même pas drôle.
- Réalisateur : Takeshi Kitano
- Acteurs : Takeshi Kitano (Beat Takeshi), Kotomi Kyono, Kayako Kishimoto, Susumu Terajima
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
– Durée : 1h
Un fourre-tout incompréhensible, tout juste propre à provoquer la stupéfaction. Même pas drôle.
L’argument : Beat Takeshi mène la vie surchargée, et souvent irréelle, d’une célébrité du show biz. Son sosie, un caissier timide, est encore un acteur inconnu qui attend impatiemment son heure de gloire. Après avoir croisé les chemins de Beat, et après plusieurs séries d’auditions frustrantes, le sosie semble tomber mystérieusement dans un état imaginaire, qui mêle des aspects de la vie réelle de Beat et sa violente personnalité à l’écran...
Notre avis : A la sortie de Takeshis’, une seul certitude : Kitano a fait ce film pour confondre les critiques, absolument démunis devant un tel naufrage artistique. Pour le reste, rien ne va plus. Le cinéaste poursuit son déclin, amorcé depuis Brothers et confirmé un peu plus par chaque film qui suivra. Sauf que cette fois, il est probable que le cinéaste ne parviendra pas à descendre plus bas. Qui aime bien châtie bien, et on espère sincèrement le voir réoccuper la place d’importance qu’il a eu durant les années 90.
Ce qui débute comme une rêverie fellinienne, c’est-à-dire une narration en libre association alternant des saynètes aux qualités inégales (un Beat Takeshi arrogant, petit roi d’une cour des miracles télévisuelles) fini très vite par franchir les limites du n’importe quoi, emboîtant rêve et réalité, fantasmes et passage à l’acte, dans un montage en poupée russe aussi complexe que fatigant. On arrête alors de chercher un sens à ce qui se passe à l’écran (un sosie de Kitano qui se prend pour Kitano qui rêve cette histoire, vous voyez le genre...) pour se concentrer sur l’action, naviguant entre surréalisme et humour loufoque. Et surtout, une fâcheuse tendance à faire durer les scènes au-delà du raisonnable. Kitano, cinéaste lent, cette critique n’a cessé de le poursuivre depuis ses débuts. Seulement ici, la contemplation fait place à la gêne : celle du spectateur devant le film, celle qu’on éprouve pour le cinéaste, qu’on imagine volontiers gâteux et endormi derrière sa caméra. Car voila, Kitano rabâche et se (com)plaît à s’autoparodier, lui et son personnage de yakuza viril et taciturne. L’idée est amusante et fonctionne le temps de quelques gags (dont une scène de casting hilarante). Quand il s’agit de le voir canarder, pendant cinq bonnes minutes, une "armée" d’assaillants (au bord d’une plage, les amateurs de la première heure apprécieront la finesse de la citation), on ne marche plus. On savait Kitano traversé d’une certaine schizophrénie (la comédie Getting any ? réalisée entre Kid’s return et Sonatine), mais on imagine mal le cinéaste se relever indemne après un tel seppuku cinématographique.
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Jeds 24 juillet 2006
Takeshis’
Côté scénario :
L’histoire est assez étrange et découpée de façon plus qu’aléatoire... En gros, on suit le sosie de Takeshi Kitano qui a une vie bien pourrie. Il semble être le parfait bon à rien du 21e siècle que tout le monde prend pour être sa tête de turc. Le problème, c’est que l’histoire ne se tient pas et est sujette à de nombreuses incohérences... Ca fait bizarre de voir ça de la part de Kitano... Généralement, c’était le scénario qui sauvait les films de Kitano, cette fois-ci, il faut chercher la qualité ailleurs.
Côté réalisation :
Pour moi, Kitano est une figure emblématique du parfait réalisateur-bricoleur. On sent toujours que certains plans sont fait un peu à l’arrache. Ce film n’échappe pas à cette (triste) règle. J’avais été bluffé par la qualité de réalisation de Dolls, mais là... On dirait que c’est un autre homme qui a fait un film. Bref, les plans se succèdent de façon incompréhensible, de plus, Kitano, maître du plan contemplatif a filmé certains plan fixe, et au beau milieu du plan, l’image bouge d’un coup. Ca donne exactement le même résultat que lorsque quelqu’un se tape dans le pied de la caméra pendant que ça film... Je ne comprends même pas comment il a pu avoir l’idée de ne pas retourner cette fameuse scène (au début du film). Et puis, je ne sais pas si ça vient du travail du projectionniste du cinéma où j’étais, mais le film semble avoir été monté par un goret car à chaque fin de séquence, l’image devenait floue...
Côté acteurs/personnages :
De ce côté là, rien à redire. Les acteurs sont tous bons, ils sont bien dans leurs rôles. Aucune fausse note n’est à déclarer. C’est peut être le seul véritable point positif de ce film.
Mon sentiment en sortant de la salle :
Je n’avais qu’une chose à la bouche : "Kitano a pété un câble, il a réalisé un grand n’importe quoi". On sent qu’il a voulu se faire plaisir en faisant un peu ce qu’il voulait. Malheureusement, de là à sortir ça en salle, il y a un autre pas à franchir... Je crois que les critiques vont s’abattre sur lui. Ce qui me révolte, c’est que si un mec pas connu tournait un film comme ça, non seulement le film ne serait jamais diffusé dans les cinémas (et feraient encore moins le tour du monde), mais en plus, je crois que les éditeurs de DVD n’en voudraient même pas. Bizarrement, j’aime bien Kitano, mais là, je peux dire qu’il m’a sacrément déçu... Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai la vague sensation que le film va faire un bide... D’ailleurs... J’étais le seul dans la salle de cinéma pour ce film...