Peintures en trois dimensions
Le 19 mars 2024
Une réflexion sur la condition d’artiste. Le nouveau film de l’auteur de Sonatine et Hana-bi est une réussite au carrefour de plusieurs tendances de son inspiration.
- Réalisateur : Takeshi Kitano
- Acteurs : Kumiko Asô, Takeshi Kitano (Beat Takeshi), Kanako Higuchi, Yurei Yanagi, Aya Enjôji
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Océan Films
- Durée : 1h59mn
- Titre original : Akiresu to kame
- Date de sortie : 10 mars 2010
- Festival : Festival de Venise 2009
– Année de production : 2008
Résumé : Machisu, un peintre sans talent, persiste à vouloir exercer son art...
Critique : Divisé en trois parties consacrées à chaque âge de la vie du peintre, le film marque le grand retour de Kitano. Tout commence comme un mélodrame à la Dickens dans lequel un malheureux orphelin recueilli par un oncle malveillant s’évade dans le dessin et la peinture. Par petites touches, l’auteur manie à la fois l’émotion contenue et l’humour, parfois noir, à l’instar de cette séquence dans laquelle le petit garçon réalise un portrait jugé choquant de sa défunte belle-mère. Kitano retrouve dans ce début de récit la délicatesse qu’il témoignait en décrivant le jeune âge dans L’été de Kikujiro ou A Scene at the sea. En même temps, l’intrusion de créanciers mafieux rappelle la violence de Sonatine et révèle que le cinéaste est attaché à la trame policière, même si dans ce cas elle n’est qu’un arrière-plan.
- © Océan Films
La seconde partie, qui voit Machisu adolescent prendre des cours de peinture et découvrir l’histoire de l’art, est plus burlesque et décalée ; la confrontation avec un propriétaire de galerie qui lui reprochera toute sa vie de ne peindre que du figuratif banal puis de plagier les grands courants de l’art sont une habile métaphore de la lutte des classes, le manque de culture du jeune homme amplifiant son aliénation : contrairement à Séraphine, notre personnage ne sera jamais reconnu et ses difficultés sociales ne seront pas compensées par une gloire tardive, même posthume. La troisième partie (la vieillesse) glisse ainsi vers l’horreur sociale et le comique absurde, les malheurs du peintre (misère financière, séparation conjugale, prostitution et décès de sa fille), amplifiant son désir de créativité et de distinction par de vaines et dérisoires audaces modernes. On est alors par ce mélange des genres dans un univers que n’aurait pas désavoué Keaton ou le Chaplin des Temps modernes. Acteur et réalisateur, Kitano a lui-même peint les œuvres que l’on voit à l’écran et confirme avec Achille et la tortue la cohérence dans la diversité de son inspiration.
– Sofia International Film Festival 2009 : Prix du public
– Sortie Japon : 20 septembre 2008
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’Boo’Radley 15 mars 2010
Achille et la tortue - Takeshi Kitano - critique
Au premier degré (sans doute une erreur), film disparate où le burlesque se réduit à des gags stéréotypés qui ne font plus rire personne depuis deux générations ; situation aggravée par les protagonistes sous l’emprise d’aucune espèce de motivation. Plus subtilement, l’auto critique d’un créateur déserté par l’inspiration qui par sa naïveté touche et fascine.