Sur l’amour et la mort

Süskind, aussi téméraire que truculent, réunit Stendhal, Platon, Jésus et Wagner pour évoquer Eros et Thanatos.

Cela fait dix ans que Patrick Süskind n’a rien publié ; alors, forcément, on aurait aimé que notre patience soit récompensée par davantage qu’un (trop) bref essai de quatre-vingts pages : Sur l’amour et la mort. Heureusement, l’auteur allemand n’a rien perdu de sa verve spirituelle. Il est même ici au sommet de son art. Son espièglerie jongle sans complexe avec les grands classiques de la littérature (Stendhal ou Goethe), de la musique (Wagner, Mozart) ou de la philosophie (Platon) dans un seul objectif : une tentative, non pas de définition de l’amour (Süskind n’est pas culotté au point de s’y risquer en moins de cent pages), mais de saisir ce qui le rend si fascinant.
Et pour cela, rien de tel que de comparer les figures littéraires à trois exemples grossièrement concrets des manifestations de l’amour au quotidien dont fut témoin Süskind, et qui sont le vrai visage de l’amour. On rit volontiers de sa plume désinvolte car c’est finalement avec tendresse qu’il croque le genre humain, tout en bêtise et en ridicule, dans de telles situations.
Et même lorsque Süskind convoque la mort en évoquant le mythe d’Orphée et d’Eurydice, on ne peut que s’incliner devant l’étonnant mariage de l’érudition et de la truculence.