La nature et l’homme
Le 29 avril 2024
Splendeur visuelle, ce poème cinématographique est la plus belle réussite de Naomi Kawase et l’un des chocs esthétiques du Festival de Cannes 2014.
- Réalisateur : Naomi Kawase
- Acteurs : Makiko Watanabe, Jun Murakami, Nijirō Murakami, Jun Yoshinaga, Miyuki Matsuda, Fujio Tokita
- Genre : Drame, Romance, Teen movie
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h59mn
- Titre original : Futatsume no mado
- Date de sortie : 1er octobre 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Résumé : Sur l’île d’Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu’un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d’été, Kaito, découvre le corps d’un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l’aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adulte et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l’amour...
Critique : On attendait le nom de Naomi Kawase au palmarès du Festival de Cannes 2014, pour l’un des trois prix les plus prestigieux, à savoir la Palme d’or, le Grand Prix ou le Prix de la mise en scène. Deux raisons laissaient envisager cette hypothèse : Still the Water était, avec Winter Sleep, le film plastiquement le plus abouti de la compétition. Et Jane Campion, présidente du Jury et femme cinéaste, aurait pu porter ce dernier opus de Naomi Kawase, dont la créativité fait écho à celle de l’auteure de Sweetie. Il n’en a rien été, et pour le Prix du Jury a été préféré l’estimable mais bien inférieur Les merveilles... Après Hanezu (l’esprit des montagnes), modèle d’épure panthéiste, Naomi Kawase se surpasse avec ce récit de deux adolescents découvrant les vicissitudes de la vie au milieu d’une nature tour à tour calme ou hostile.
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Kaito est déstabilisé par le divorce de ses parents, et ne trouve ses marques ni auprès d’un père tatoueur vivant à Tokyo, ni auprès d’une mère serveuse collectionnant les amants, dont peut-être ce malheureux quidam retrouvé noyé à la suite d’une tempête. Kyoko, plus sereine en apparence, vit avec sa famille dont sa mère mourante, incarnée par la très gracieuse Miyuki Matsuda. Les rares dialogues se concentrent autour des rapports parents/enfants, ou à l’occasion des échanges avec un vieux pêcheur (Fujio Tokita, second couteau des films d’Imamura), chœur antique à lui tout seul, aussi rassurant que Walter Brennan dans les westerns de Hawks ou Walsh. Si le scénario tient en trois feuillets, l’essentiel est ailleurs : dans le bruissement des arbres près de la plage, dans ces plans récurrents de jeunes gens adeptes de balades en vélo, dans ces prises de vue sous-marines sublimes, et dans un montage d’une poésie rarement égalée au cinéma, si ce n’est dans les films de Terrence Malick ou Apichatpong Weerasethakul.
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On songe d’ailleurs à ces deux formidables Palmes d’or que furent [The Tree of Life et Oncle Boonmee.... On retrouve en effet des similitudes avec les thèmes et le style de ces cinéastes. Kawase échappe toutefois au mysticisme du premier et à l’ésotérisme du second, mais parvient à la même puissance sensorielle. Cette communion de l’homme et de la nature sera une expérience unique de cinéma, pour qui accepte le fait qu’une œuvre soit autre chose qu’un produit culturel standardisé. Tant que des cinéastes de la trempe de Naomi Kawase verront leurs films projetés sur grand écran, on peut être assuré de l’avenir et de la force du 7e art.
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