Ma cité va cracker !
Le 28 janvier 2014
Entre fiction et documentaire, un premier film fort sur les ravages du crack...
- Réalisateur : Fleur Albert
- Acteurs : Jean-Patrick Kone, Carole Eugenie, Jean-Paul Edwiges
- Genre : Drame
- Durée : 1h22mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 29 janvier 2014
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Entre fiction et documentaire, un premier film fort sur les ravages du crack...
L’argument : Un homme est mort. Mehdi fut le parrain de la communauté des usagers du crack entre La Chapelle et Stalingrad. Alors qu’Isaïe aspire à quitter la rue pour retrouver son fils, il est rattrapé par la promesse faite un jour à Mehdi : en cas de malheur, faire revenir son corps au pays.
© Niz !
Notre avis : Connue pour ses nombreux films documentaires, c’est avec une fiction que Fleur Albert fait son entrée dans le patrimoine cinématographique français. Mais ce premier long-métrage s’appuie lui aussi sur une approche documentaire. En effet, la réalisatrice a toujours eu le souci de présenter au spectateur la réalité des choses, telle qu’elle est, sans occulter aucun détail, même le plus dérangeant. C’est cette démarche néoréaliste que l’on retrouve dans Stalingrad Lovers, l’histoire d’un groupe de marginaux tous liés les uns aux autres par la drogue, et le souvenir de celui qui fut leur parrain : Medhi.
Dès la première séquence, le spectateur est fasciné par le profond respect que voue le personnage d’Isaïe à cet ami, ce frère, ce père disparu. D’une voix intérieure, douce et ferme à la fois, il l’invoque, comme une divinité, lui vouant un culte quasi religieux. Et son souvenir, présent à toutes les mémoires de la communauté, conduit tout le récit.
Ce qui frappe d’abord, dans ce film, c’est sa simplicité. Il n’y a aucun artifice, aucune démesure, ni dans la manière de filmer, ni dans la mise en scène, ni dans le jeu des acteurs, toujours juste. Le récit, bien mené, les décors naturels, et les personnages complexes suffisent à donner toute son esthétique et toute sa puissance au drame.
© Niz !
Bien que la réalisation du film soit fondée sur le réel désir de dire la vérité, certaines scènes basculent dans une forme d’insouciance, de désinvolture. Les acteurs se mettent à chanter et à danser, clament de manière très théâtrale des monologues. L’œuvre est donc à la fois réaliste et symboliste, en ce sens qu’elle montre que l’existence de ces hommes et de ces femmes, qui vivent en marge de la société, n’est pas moins ordinaire qu’une autre. Eux aussi ont leurs lois, leurs valeurs, leurs arts, mais aussi leurs soucis du quotidien, que figurent ici les thèmes de la drogue et de la prostitution, et des comptes à rendre – il y a, entre autres, un conflit permanent entre Isaïe et Jupiter concernant les bénéfices de la vente de crack. Tous les personnages vivent comme une grande famille, où la fraternité est omniprésente, où les anciens protègent et forment les nouveaux. Ce n’est pas une autre vie qui nous est montrée, mais bien notre vie à tous. Au cinéma, on ne regarde pas la vie, disait Jean Epstein, on la pénètre. Et c’est vrai. Tout au long du film, les plans rapprochés nous emportent doucement dans l’intimité des personnages, et l’on se sent finalement plus proches d’eux qu’on ne l’aurait sans doute cru.
L’on pouvait penser que Stalingrad Lovers serait une énième condamnation de la fabrication et de la consommation de drogue et de la débauche – une sorte de Requiem for a dream à la française. Mais la réalité est toute autre. C’est avant tout un film sur le manque, le deuil et la solitude. Bien que solidaires, les protagonistes se nourrissent uniquement d’eux-mêmes, retournant à leurs rêves inaccessibles. Isaïe rêve de retrouver son fils, Mona veut une vie plus paisible. Mais c’est surtout un film plaidoyer pour l’amour entre les hommes. Car ce que veulent ces gens, en somme, c’est aimer et être aimé, et ce bien que le monde des hors-la-loi, gangrené par le vice et la toxicomanie, laisse peu de place à l’amour véritable, qui, cependant, reste, pour eux comme pour nous, le meilleur antidote à tous les maux possibles.
© Niz !
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