Chronique d’une mort annoncée
Le 10 septembre 2003
Quand la mort d’un frère est inéluctable : un bouleversant huis clos signé Philippe Besson.
- Auteur : Philippe Besson
- Editeur : Julliard
- Genre : Roman & fiction
L’argument : Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont proches par l’âge, presque des jumeaux. L’un va mourir, l’autre pas. Apprenant la maladie de Thomas, Lucas, le narrateur, "son frère", abandonne tout et l’accompagne dans sa lente dégradation. Deux saisons, un printemps et un été, d’insondable frôlé et d’inexorable attendu. Entre la froideur technique de l’hôpital et la beauté lumineuse de l’île de l’enfance, la mort veille, en embuscade, pour un face-à-face poignant, mêlant bonheur et souffrance en touches subtiles.
L’auteur : En trois romans et autant de réussites, Philippe Besson s’est fait une place à part dans la littérature française d’aujourd’hui. En l’absence des hommes et Son frère, (2001), puis L’arrière-saison (2002) lui ont valu, par le bouche-à-oreille, un lectorat admiratif. Fin scrutateur des rapports humains, Philippe Besson s’attache, avec une justesse poétique et mélancolique, à effleurer les aspérités du couple, qu’il soit homosexuel, hétérosexuel ou fraternel. Son dernier roman, Un garçon d’Italie, vient de paraître chez Julliard, son éditeur habituel, alors que sort sur nos écrans Son frère, adapté par Patrice Chéreau.
Notre avis : Au fil de la dégringolade des plaquettes sanguines de Thomas, l’insoutenable est formulé à mi-voix dans le journal que tient son frère. Il y a de la douceur dans cette mort-là, trop attendue, de l’hébétude, une sorte d’acceptation mais teintée de rage. Dire l’indicible est impossible et faire son deuil avant la mort de l’être cher n’a pas de sens. Aussi c’est par les regards que passent amour et compassion dans ce déchirant roman mettant face à face deux êtres taciturnes, proches et déjà séparés, dont la rivalité d’enfance s’efface au fil de l’épreuve. Entre la raideur métallique de l’hôpital et les chaudes lumières de l’île océane, Besson brosse avec une délicatesse extrême la dignité de celui qui se sait condamné et la souffrance muette de son frère. Sans aucun pathos, puisque, comme le dit Lucas, "on ne sait pas dire la mort". Mais nul mieux que Besson, dans ce bouleversant huis clos fraternel, n’a su mieux exprimer le désespoir devant le gouffre à venir, l’impossibilité de se préparer à la perte et la beauté des jours suspendus.
L’extrait |
Philippe Besson, Son frère, Julliard, 2001, 158 pages, 17 €
Regards croisés : Son frère, le film de Patrice Chéreau
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marie 3 avril 2005
Son frère - Philippe Besson
superbe roman très émouvant. Ce livre est boulversant, il nous fait comprendre qu’il faut vivre chaque moment, à chaque instant car tout peut arriver d’un moment à l’autre.