Kill Bill version noire, très noire
Le 30 août 2023
La vengeance est un plat qui se déguste froid à Sin City, grand film adapté d’une bande dessinée culte de Frank Miller. Un délice.
- Réalisateurs : Robert Rodriguez - Frank Miller
- Acteurs : Mickey Rourke, Elijah Wood, Benicio Del Toro, Josh Hartnett, Nick Stahl, Clive Owen, Brittany Murphy, Bruce Willis, Jessica Alba, Jaime King, Carla Gugino, Michael Madsen, Michael Clarke Duncan, Rutger Hauer, Alexis Bledel
- Genre : Drame, Action, Thriller, Noir et blanc, Policier, Film culte
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Pan-Européenne
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 2h03mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 1er juin 2005
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005
Résumé : Un univers sombre peuplé d’individus plus déjantés les uns que les autres, parmi lesquels Hartigan, un flic chargé de protéger la strip-teaseuse Nancy, et Marv, une montagne de muscles décidée à venger la mort de sa petite amie.
Critique : Soyons clairs : il n’est point nécessaire de connaître les soubassements de la BD éponyme de Frank Miller pour succomber aux histoires peu orthodoxes qui se trament dans cette ville interlope de Sin City (littéralement cité du péché). En surface, le film se présente comme une plongée dans une ville ravagée par la corruption, la violence et la luxure, où tous les personnages sont constamment en danger de mort. En substance, ce sont des histoires d’amour qui se terminent très mal.
- © Pan Européenne Edition
La première bonne nouvelle, c’est que Sin City n’est ni un pétard mouillé, ni un gros blockbuster consensuel parce qu’il possède tous les symptômes du film potentiellement controversé. La seconde réside dans un scénario complexe et habile qui ménage beaucoup de surprises et entremêle tant les fils méandreux de son postulat qu’on finit par difficilement résoudre l’écheveau. Paradoxalement, les résolutions sont d’une simplicité inattendue avec une boucle bien bouclée, des rebondissements adéquats et des plans si léchés que rien ne finit par déborder. Trois histoires parallèles se passent à Sin City : celle d’un homme (Mickey Rourke), brute au visage fracassé et au cœur meurtri qui recherche le meurtrier de la prostituée qu’il aimait (la meilleure) ; une autre, fable adultérine avec Clive Owen et Britany Murphy (la moins réussie) ; et enfin une dernière avec Bruce Willis en flic qui sauve une enfant des mains d’un pédophile (la plus étrange). Respectivement, le film regroupe trois tomes de Sin City : le premier Sin City ; le troisième baptisé Le grand carnage (The Big Fat Kill) et le quatrième, That Yellow Bastard.
Son premier défaut vient de sa première qualité : une fidélité extrême au comic originel. Les répliques, la caractérisation des personnages, la noirceur cynique et l’absence de morale sont impeccablement respectées. La formule trahit l’influence de Tarantino qui est crédité comme coréalisateur pour avoir signé une scène. Elle se ressent ne serait-ce que dans l’intrigue dont la structure s’apparente à celle de Pulp Fiction (de multiples sous-intrigues qui se croisent dans la même histoire). En réalité, le bar est un repère où tous les personnages se croisent et qui existe déjà dans le comic. La mise en scène adopte l’immoralité de cette ville en filmant les situations avec une vraie complaisance pour retranscrire au plus juste le sentiment d’insécurité et de déliquescence. Le jeu sur le noir et blanc dont les teintes varient amplifie cette violence comme lors des apparitions du Yellow Bastard, ou lorsqu’il s’agit de simples giclées de sang. Du sang qui selon les circonstances est blanc, jaune ou rouge. D’aucuns trouveront certainement matière à pinailler sur le procédé ou l’intégration d’éléments réels dans un décor 3D : la réussite et la cohérence du bloc emportent le morceau.
- © Pan Européenne Edition
Dans la distribution pléthorique, Bruce Willis, Elijah Wood, Mickey Rourke, Clive Owen et même la très jeune Makenzie Vega (déjà repérée dans Saw où elle était exceptionnelle), profitent de l’occasion pour se distinguer. Dans les rôles secondaires, il faut saluer la prestation de Benicio Del Toro, définitivement méconnaissable de film en film, qui incarne un Jack Rafferty potentiellement parfait. Enfin, c’est un pied de nez à ceux qui prenaient plaisir à descendre gratuitement Robert Rodriguez, réalisateur maudit dont (il est vrai) les dernières productions généraient au mieux la perplexité (les insupportables Spy Kids et le récent Once Upon a Time in Mexico). Or, ici, métamorphose absolue : il parvient, par la concentration de ses moyens et la généreuse collaboration de Frank Miller au storyboard et au scénario, à signer ce qui ressemble à ce jour comme son film gadget le plus ambitieux et le plus réussi.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Grosse déception autour des bonus avec un sentiment de superficialité qui prédomine malgré la facture collector. Seul L’univers de Frank Miller, de moins d’une demi-heure, informe un minimum sur l’artiste intransigeant qu’il est et sa carrière. La conférence de presse filmée au festival de Cannes apporte son lot de bonnes surprises avec une équitable répartition des interventions des nombreux intervenants (Robert Rodriguez, Clive Owen, Benicio Del Toro, Mickey Rourke, Jessica Alba et Michael Madsen). Le making of enfin ne représente qu’un intérêt limité en raison de son absence de profondeur (treize minutes seulement) ; on s’y ennuie ferme et les informations sont inexistantes.
Image & son : Lorsque la perfection est au rendez-vous, il faut le souligner. Image sensationnelle pour un univers à la sophistication formelle extrême. Évidemment, le nerf de la guerre se situe au niveau du contraste, clé de voûte de la photographie du film ; il est tout simplement magnifique. Le respect des impressions perçues en salles est parfaitement retranscrit : un film ovni d’un noir et blanc surréaliste à la beauté rare. Le son DTS est un exemple en matière de précision des effets ; la pluie battante, les détonations, les crissements de pneus, tout est cristallin.
Galerie photos
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Jeds 5 juin 2005
Sin City - Robert Rodriguez - critique
Sin City, c’est un film qui m’a semblé assez particulier. Inutile de dire que c’est une nouvelle adaptation de bande dessinée.
Niveau Scénario :
Le scénario tient la route !! Forcément, c’est la copie conforme de la série de Frank Miller ! Les fans vont donc retrouver tous les éléments que composent l’histoire et ça fait bien plaisir !! Au moins, pas de trahison de ce côté là !! On se retrouve donc plongé dans trois histoires sombres de cette ville plus que pourrie avec des malfrats à tous les coins de rues ! On se retrouve avec trois histoires différentes qui se chevauchent plus ou moins. Le DVD permettra d’ailleurs de voir les histoires une par une sans se tapper le film entier ! Je trouve l’idée excellente !
Niveau réalisation :
C’est ici que ça se corse (comme l’ïle^^). Les réalisateurs (Rodriguez et Miller) se sont servi de la bd en tant que Story Board. L’idée est sympa ! On pourra dire que c’est facile de faire, je répondrai "peut être, mais fallait avoir l’idée et le courage de faire ça" car forcément, ces deux mecs étaient sûr d’avoir des reproches !! Bref, les images sont plutôt sympa !! On se retrouve dans un film noir et blanc avec quelques brins de couleurs éparpillés à l’écran ! Ca change de tous ces films qu’on a l’habitude de voir ! Le petit reproche que je pourrai faire, c’est que certaines cases de la bande dessinnée auraient pu être un peu changées car on se retrouve (parfois) avec des images limite ridicule... C’est un poil domage, mais ça arrive tellement peu souvent que c’est pas si dérangeant que ça !! :wink :
Niveau acteurs/personnages :
Alors c’est du grand art ! Tous les acteurs sont vraiment excellents !! On se croirait dans la bande dessinée d’origine !! Les personnages respectent parfaitement l’image et le caractère qu’ils avaient dans la bd !! On verra même que certains personnages ont été déplacés pour jouer un autre rôle, mais ça ne dérange (quand je dis ça, je pense à "yeux bleus"). Sinon, on retrouve un Mickey Rourke de folie et un Bruce Willis plus humains que d’habitude ! (hey vous savez quoi, il a pas sauvé le monde cette fois !! Il s’affaibli notre Bruce ).
Au final, je me suis dis : "enfin un film qui change" !!! Ca fait du bien bord*l !! Même si on retrouve quelques petits trucs à redire, j’ai passé un super bon moment !! En tant que super fan de Sin City (le comics) je peux dire que ça m’a fait plaisir !! Bon, par contre, petit reproche pour la BO que j’ai trouvé un peu molle... Mais bon, pas grave !! Sinon, je tire mon chapeau à Robert Rodriguez car les scènes d’actions sont vraiment chouettes !! On ressent la force des coups de points que se collent les personnages !! Wahouuuu !! Et les scènes en voiture sont excellentes !! Ca rend trop bien l’univers de la bande dessinée !!!
Special thanx to Quentin Tarantino :
Ce bon vieux Quentin à rélisé un passage du film (le passage où Dwight trimbale le corps d’un mec à côté de lui dans une voiture). Cette scène est vraiment sympa !! J’ai lu dans un bouquin de cinéma miteux que cette scène était le seul interrêt du film tellement elle se démarquait. Personellement, je la trouve sympa car Tarantino à un poil retravaillé le "story board" pour donner un petit truc en plus. Mais bon, de là à dire que cette scène se démarque totalement du film serait de la pure mauvaise foi et du pure partit pris !
momo12 13 juin 2005
Sin City - Robert Rodriguez - critique
Une bombe ce film !
Et un Mickey Rourke au meilleur de sa forme.
C’est fort, violent mais beau, un grand film vraiment. A voir d’urgence !
chieffred 15 juin 2005
Sin City - Robert Rodriguez - critique
Un film comme on aimerait en voir plus souvent, il a tout du blockbuster avec un réalisateur faisant dans le film d’action, des acteurs pour un certain nombre (très) connus... Et pourtant s’il fait les scores d’un blockbuster ce n’est pas parce que c’est un blockbuster mais parce que ce film dégage quelque chose de plus, Il n’y a qu’à voir la résurection de mickey Rourke pour comprendre que ce n’est pas un film comme les autres. Le scénario (des histoires d’amour qui finissent presque toutes mal), la violence jubilatoire, l’ambiance lié aux choix des couleurs, ... tout cela fait de film une réussite et vivement le deux
chieffred 2 décembre 2005
Sin City - Robert Rodriguez - critique
Le film m’a énormément plût au ciné et j’attendais avec impatience et inquiètude cette édition DVD. Et bien l’image est au niveau de ce que l’on a pu voir sur grand écran. J’ai visionné hier soir sur un cathodique image superbe (voir meilleur que celle du ciné de mémoire) et son à l’avenant avec un VF DD de très bon niveau mais n’égalant pas en précision la VO DTS. Je suis impatient de tester ce WE sur un rétro et peut-être aussi si j’ai le temps sur un plasma histoire de voir si sur ces équipements pas forcèment très à leur aise sur le noir et blanc ce que cela donne.
Cela rien à dire une édition de haute facture.
Pour info un bruit court sur une version director’s cut prévue pour le courant de l’année prochaine ... Espérons qu’elle ait une réelle valeur artistique ...
virginierab 29 janvier 2006
Sin City - Robert Rodriguez - critique
D’une beauté formelle incontestable, fidèle à l’œuvre originale de Frank Miller, Sin City m’a malgré tout laissé un drôle d’arrière goût après visionnage.
Je m’explique : la violence, omniprésente, tourne un peu à vide au bout d’un moment. Tortures, sadisme, sang... on a le droit à un florilège de tout ce que l’être humain recèle d’horreur. Les saynètes se ressemblent un peu trop pour susciter un intérêt égal. Le film tire en longueur.
Certes, Robert Rodriguez manie admirablement la caméra.
Certes, l’interprétation est remarquable.
Mais il manque un je-ne-sais-quoi pour faire monter tout à fait la sauce. Ce sera peut-être pour Sin City 2, qui sait ?
Mykelti BuBba 16 août 2011
Sin City - Robert Rodriguez - critique
Ce qui attire la curiosité sur "Sin City", c’est sa distribution, rassemblant acteurs confirmés et jeunes pousses, probablement la plus prestigieuse de la décennie aux États‑Unis. Chaque personnage trouve justement sa place dans le film, qui dépeint plusieurs intrigues en parallèle. Toutes ces intrigues n’ont d’ailleurs qu’un point commun : la ville. On remarquera le segment avec Mickey Rourke, Jaime King et Elijah Wood, qui sort du lot et est particulièrement jubilatoire. Grâce à une bande-originale bien utilisée et une photographie très travaillée, ce film se donne un style unique. L’ambiance est successivement pesante, empreinte de violence, de cruauté et peut aussi prêter à rire. Réjouissant.