Passages à l’acte
Le 30 mai 2011
Capellani, aux tous débuts de sa carrière de cinéaste, nous offre un revigorant bain de jouvence avec ces six (plus un) stupéfiants courts métrages.
- Réalisateur : Albert Capellani
- Acteurs : Gabriel Moreau, Georges Vinter, Renée Coge
- Genre : Drame, Film muet
- Nationalité : Français
- Plus d'informations : http://filmographie.fondation-jerom...
L'a vu
Veut le voir
– Durée : environ 50mn,
soit 7mn (Drame Passionnel), 6mn (Mortelle idylle), 6mn (Pauvre mère), 10mn (La fille du sonneur), 5mn (La femme du lutteur), 4mn (L’âge du coeur) et 13mn (Aladin et la Lampe merveilleuse).
Capellani, aux tous débuts de sa carrière de cinéaste, nous offre un revigorant bain de jouvence avec ces six (plus un) stupéfiants courts métrages.
L’argument : Six drames :
– Drame Passionnel
– Mortelle idylle
– Pauvre mère
– La fille du sonneur
– La femme du lutteur
– L’âge du coeur
et une féérie orientale :
– Aladin et la Lampe merveilleuse
Notre avis : Quelques mois à peine après ses débuts cinématographiques avec Le chemineau, en 1905, Capellani réalise une série d’ahurissantes scènes dramatiques dans l’esprit du Grand Guignol, ramassant en quelques tableaux spectaculaires et saisissants de vie des récits de trahisons et de vengeances où s’accumulent les coups du sort et les passages à l’acte violents.
S’il connait les vertus dramatiques du montage (la petite fille passant par la fenêtre dans Pauvre mère) et de la surimpression (les hallucinations de la mère rendue folle par la mort de sa fille dans le même film) c’est surtout au niveau de l’organisation du plan que le cinéaste débutant fait montre d’une maîtrise étonnante et d’un véritable génie de la mise en scène.
Tournant le plus souvent en extérieur, il recours très fréquemment au panoramique latéral pour accompagner les personnages (promenade en barque dans Drame Passionnel) mais sait aussi faire respirer le plan sans bouger la caméra grâce à un sens infaillible du cadrage et de la chorégraphie des déplacements.
La scène de l’enterrement dans Pauvre mère est à cet égard éloquente : le modeste cortège surgit sur la gauche, derrière l’angle du mur de ceinture du cimetière, pour entrer par le portail ouvert au centre de l’image et s’éloigner de dos entre les tombes. C’est simple, beau et d’une efficacité imparable.
- Capellani
Cette limpidité et cette force d’élocution ne faiblit à aucun moment. Le jeu des acteurs est théâtral au meilleur sens du mot. La gestuelle est précise, stylisée, et très éloignée de la gesticulation qu’on rencontre parfois dans d’autres films de cette époque.
L’univers qui happe immédiatement le spectateur à la vision de ces films aux vertus revigorantes n’a rien d’abstrait. C’est bien la société française d’avant 1914 qui revit dans ces brefs tableaux aux couleurs vives (même en noir et blanc) et aux arêtes tranchantes. Une société dont les règles strictes et les clivages sociaux ne demandant qu’à être transgressés pour le plus grand effroi et la plus grande joie du spectateur.
Par deux fois, c’est l’appel du monde du spectacle qui vient perturber l’ordre établi : la paysanne de Mortelle idylle sortant émerveillée d’une représentation foraine et se lançant dans une carrière d’actrice ; ou la bourgeoise assistant fascinée à un combat de lutte et venant roder près de la roulotte pour emmener chez elle l’homme que La femme du lutteur ramènera au foyer pistolet au point.
- Capellani
On aura compris que c’est à une véritable cure de jouvence que nous convie l’indispensable coffret Capellani publié récemment, d’autant que l’exceptionnel état de conservation des copies (collection Morieux) permet d’apprécier une splendeur photographique intacte qui démultiplie l’impact de ces films brefs et percutants.
Quand à Aladin et la Lampe merveilleuse, l’opulente féérie orientale (en couleurs) qui complète le programme, elle est évidemment entièrement tournée en studio et paraîtra plus datée, mais on retrouve dans ses numéros de music-hall le même sens de la chorégraphie et de l’animation du plan que dans les autres films et on sera encore un fois épaté par les fabuleux trucages du grand Segundo de Chomón.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.