Mini-drames et maxi-drames
Le 13 mai 2011
Témoins d’une époque où le cinéma français dominait le marché mondial, les films qu’Albert Capellani réalisa pour Pathé entre 1905 et 1914, avant son départ pour les Etats-Unis, stupéfient par leur modernité et leur puissance dramatique. Un indispensable coffret de quatre DVDs propose sept courts, un moyen et trois longs métrages qui sont autant d’éblouissants chefs-d’oeuvre.
- Réalisateur : Albert Capellani
- Acteurs : Sylvie, Henry Krauss, Paul Capellani, Georges Dorival, Charlotte Barbier-Krauss, Alexandre Arquillière
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Plus d'informations : http://filmographie.fondation-jerom...
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– Durée totale : 8h30mn environ
Témoins d’une époque où le cinéma français dominait le marché mondial, les films qu’Albert Capellani réalisa pour Pathé entre 1905 et 1914, avant son départ pour les Etats-Unis, stupéfient par leur modernité et leur puissance dramatique. La Cinémathèque française, La Fondation Jérôme Seydoux et Fox Pathé Europa s’associent pour éditer un coffret prestige Albert Capellani : les films restaurés d’un pionnier du cinéma, absolument indispensable ! Quatre DVDs incluant sept courts, un moyen et trois longs métrages qui sont autant d’éblouissants chefs-d’oeuvre.
Les films : La sélection couvre presque toute la carrière française de Capellani et permet d’apprécier son talent dans des genres différents :
– Six courts métrages, certains incomplets, d’une durée variant de 4 à 10mn, tous réalisés en 1906, et provenant de la Collection Morieux, constituent une étonnante série de mini-drames naturalistes : Drame Passionnel, Mortelle idylle, Pauvre mère, La fille du sonneur, La femme du lutteur, L’âge du coeur.
– Un septième, également de 1906, Aladin et la Lampe merveilleuse, est une féérie à la manière de Méliès dont les trucages sont signés par le grand Segundo de Chomón.
– L’assommoir d’après Zola, réalisé en 1909, et d’une durée de 36mn.
– Germinal (1913) adaptation du roman de Zola ( 2h28mn)
– Le Chevalier de Maison Rouge (1914), d’après le roman d’Alexandre Dumas (1h49mn)
– Quatre-vingt treize (2h45mn) d’après Victor Hugo, évocation de la Révolution Française et des Guerres Vendéennes dont la censure jugea la sortie inopportune en 1914, après la déclaration de guerre, et qui resta dans les tiroirs jusqu’en 1921. Capellani étant toujours aux Etats-Unis à ce moment-là, c’est André Antoine qui reprit le montage du film et tourna sans doute quelques scènes additionnelles à l’occasion de cette sortie tardive.
Notre avis : Nous nous consacrerons de manière plus approfondie à l’étude de chacun de ces films admirables dans des articles ultérieurs, nous contentant ici de quelques remarques générales.
Les petits films de 1906 émerveillent par la manière étonnante dont le cinéaste utilise de superbes décors en extérieurs et la fermeté de trait avec laquelle il noue le drame en quelques scènes.
Le jeu des acteurs, théâtral mais précis, proche de la pantomime, allie grâce et efficacité. L’utilisation de la profondeur de champs et les mouvements dans le cadre communiquent un troublant sentiment de l’espace. Des panoramiques latéraux accompagnent souvent les déplacements et contribuent à la large respiration de ces petites merveilles qui n’ont pas pris une ride.
Dans un genre différent Aladin et la Lampe merveilleuse est un superbe spectacle bénéficiant d’une mise en scène fluide et d’admirables trucages de Segundo de Chomón jouant notamment sur les différences de taille entre les personnages humains et le génie de la lampe.
L’assommoir, film d’une longueur exceptionnelle pour l’époque (1909), est une révélation majeure et sidère par la puissance visionnaire de son naturalisme halluciné. La comparaison avec la version laborieusement illustrative de René Clément (Gervaise, 1956) est impitoyable.
Germinal, tourné en partie au milieu des terrils, frappe par son ampleur et par l’exactitude de la description du travail et de la vie des mineurs ainsi que par l’intensité de son interprétation, dominée par Henry Krauss, déjà prodigieux dans Les Misérables, et la jeune Sylvie.
Un véritable souffle épique, digne de Hugo, habite Quatre-vingt treize mais le feuilletonnesque Chevalier de Maison Rouge, d’après Dumas, est lui aussi un spectacle souvent grandiose où Capellani déploie un sens de la mise en scène admirable, révélant l’ampleur d’une foule en faisant reculer la caméra ou créant un hors champs dramatique : la fleuriste immobile en amorce du cadre, à droite, attendant les conspirateurs auxquels elle doit donner la rose contenant le message pour la reine et que la caméra va chercher en se déplaçant vers la gauche pour ensuite les accompagner.
Les Misérables ou La glu (1913, avec une étonnante Mistinguett) nous en avaient déjà convaincus. Ces films éblouissants le confirment : Capellani est l’égal des plus grands et il est grand temps de redécouvrir son oeuvre.
– La critique du Chevalier de Maison-Rouge : ICI
Le coffret DVD
C’est un événement d’une importance exceptionnelle que la publication par Pathé Fox Europa, en association avec la Cinémathèque Française et la Fondation Jérôme Seydoux, de ce coffret de quatre DVDs proposant, dans des conditions idéales, ces onze chefs d’oeuvre d’Albert Capellani. En vente à partir du 11 mai 2011.
Les suppléments
La richesse du programme est telle qu’on ne se plaindra pas de l’absence de suppléments audio-visuels. On lira avec intérêt le livret de 36 pages joliment illustré contenu dans l’élégant coffret rouge : informations précieuses sur la vie et le travail du cinéaste, analyses pertinentes de son style (par Pierre Rissient et Richard Abel), notes passionnantes sur l’origine des copies et leur restauration ou souvenirs de Paulette Maurice, actrice à trois ans dans Quatre-vingt treize.
Image
La restauration tient du miracle et confère aux films la splendeur visuelle qui leur donne tout leur impact. Les quatorze teintes différentes du Chevalier de Maison Rouge ou les neuf de Germinal ont été scrupuleusement restituées ainsi que les couleurs de la scène finale d’ Aladin et la Lampe merveilleuse. Le transfert numérique est irréprochable.
Son
Les compositions de Maxime Cyrin, qui accompagne l’ensemble des films au piano, sont agréables à l’oreille et respectent le rythme de la mise en scène sans trop se mettre en avant.
Galerie Photos
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