Guerres Puniques
Le 2 novembre 2010
Bien plus qu’un simple document historique ou une pièce de musée, cette superproduction kolossal de 1914 reste un grand spectacle captivant, riche en morceaux de bravoure .
- Réalisateur : Giovanni Pastrone
- Acteurs : Bartolomeo Pagano, Italia Almirante Manzini, Lidia Quaranta, Vitale De Stefano, Umberto Mozzato
- Genre : Aventures, Historique, Péplum, Film muet
- Nationalité : Italien
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– Sortie en Italie : 18 avril 1914
– Durée : 3h10mn (1914)
– Durée : 3h01mn (2006)
Bien plus qu’un simple document historique ou une pièce de musée, cette superproduction kolossal de 1914 reste un grand spectacle captivant, riche en morceaux de bravoure.
L’argument : A l’époque de la seconde guerre Punique, la petite Cabiria et sa nourrice Croesa sont enlevées par des pirates durant une éruption de l’Etna et vendues comme esclaves à Cartage. Le grand -prêtre Karthalo destine l’enfant à être immolée au dieu Moloch mais le romain Fulvio Axilla et son serviteur, le géant Maciste, réussissent à la sauver à la dernière minute. Avant d’être capturé Maciste confie Cabiria à Sophonisbe, fille d’Asdrubale.
Quelques années plus tard ...
Notre avis : Inspiré de Carthage en flammes - Cartagine in fiamme (1908) du très populaire Emilio Salgari, le créateur de Sandokan et du Corsaire Noir, mais surtout de Tite-Live et de la Salambô de Flaubert, Cabiria est la plus célèbre des superproductions italiennes des années 1910. Son coût exorbitant (un million de lires-or), sa durée (plus de trois heures), ses immenses et somptueux décors construits sur le terrain de l’Itala Film, le long de la Dora à Turin, les impressionnants effets spéciaux réalisés par Segundo de Chomón, la participation de collaborateurs prestigieux tels que Gabriele D’Annunzio pour les intertitres ou Ildebrando Pizzetti pour la musique, l’utilisation habile d’un procédé de carello (travelling) mis au point spécialement pour l’occasion, la modernité indéniable de la mise en scène de Pastrone qui anime superbement chaque plan : tous ces atouts font de Cabiria le couronnement, mais aussi le chant du cygne d’un genre que les italiens appellent kolossal et qu’illustrèrent aussi, entre beaucoup d’autres, le Quo Vadis de Guazzoni (1912) et les deux versions concurrentes de Gli ultimi giorni di Pompei (1913).
Les restaurations successives ont rendu à sa splendeur ce film mythique qui allie le grand spectacle aux recherches formelles avant-gardistes et garde, près d’un siècle après sa réalisation, un fort pouvoir de fascination allant bien au delà de son intérêt strictement historique.
Car s’il est vrai que, deux ans après l’annexion de la Libye, on glorifie ici la romanité, cet aspect nationaliste est finalement peu accentué, moins en tous cas que ne le laisserait penser la présence au générique du nom de D’Annunzio et la proximité thématique avec un autre film sur les guerres Puniques, réalisé en 1937 par Carmine Gallone : Scipione l’africano. Si ce dernier, fort médiocre au demeurant, est entièrement phagocyté par le message idéologique, il n’en va pas de même pour le film de Pastrone.
Les didascalies de d’Annunzio sont certes bien emphatiques mais gardent néanmoins une certaine tenue poétique et l’envoûtante Sinfonia del fuoco de Pizzetti, pour baryton, choeur et orchestre, contribue au fort impact de la grande scène du sacrifice au dieu Moloch. Cet épisode, caractérisé par un usage virtuose des inserts (gros plan de la main du prêtre, poing fermé, qui s’ouvre lentement) et un formidable travail sur la photo en clair-obscur rehaussée de virages de couleurs, est indiscutablement un des points d’orgues du film.
Mais les morceaux de bravoure abondent : éruption de l’Etna, miroirs solaires d’Archimède brûlant la flotte romaine devant Syracuse, traversée des Alpes par Hannibal, rêve prémonitoire de Sophonisbe.
Les décors de studio, à mi-chemin entre l’exactitude historique et la fantaisie la plus échevelée, étonnent (on les retrouvera, presque à l’identique, dans l’épisode babylonien d’Intolerance de Griffith) mais les vastes extérieurs (falaises en bord de mer, désert de sable, pics alpins) ne sont pas moins impressionnants, d’autant que la profondeur de champ est magistralement utilisée.
La composition de l’image, très élaborée, vise toujours à introduire du mouvement, même quand la caméra est fixe, mais ce sont les nombreux déplacements sur rails (latéraux, mais aussi avant-arrière, ou les deux combinés) qui confèrent à Cabiria un pouvoir de fascination presque hypnotique.
L’ensemble est extrêmement divertissant et garde un côté roman feuilleton très dix-neuvième siècle avec ses multiples péripéties rocambolesques. Les nombreux personnages secondaires sont caractérisés fermement mais sans excès par des acteurs au métier solide tels que Vitale di Stefano en Massinissa. Côté protagonistes, Lidia Quaranta en Cabiria et Umberto Mozzato en Fulvio Axilla sont aisément éclipsés par deux bêtes de scène qui crèvent l’écran : la diva Italia Almirante Manzini en Sophonisbe, parangon de femme fatale identifiée d’emblée à la panthère qui l’accompagne, et Bartolomeo Pagano, ex-docker du port de Gênes, qui allait faire du bon géant Maciste, héros de nombreux films entre 1915 et 1927, une figure d’identification extrêmement populaire.
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