Samme stof som stof

Sublimement déglinguée, harmonieusement bordélique, la musique des Danois de Under Byen est une merveille déconstructiviste perdue entre Björk et Lars von Trier, nos angoisses métalliques et nos rêves duveteux. Vivement recommandé.

Une batterie martiale, métallique, agressive, qui cogne fort, très fort. Les premières notes de Samme stof som stof, le nouvel album des Danois d’Under Byen ("souterrain") cueillent l’auditeur non prévenu à froid. Qu’il se rassure, viendront les violons pluvieux, les pianos déglingués, la scie métallique et une infinitude de sons plus tordus les uns que les autres. Puis, enfin, la voix d’Henriette Sennenvaldt, ange blond aux intonations parfois björkesques, véritable chef d’orchestre de cette bande de fêlés nordiques.
Oscillant entre chaos métallique (les larsens de Tilm og omvendt) et mélodies savamment orchestrées (le très beau, attention, c’est parti : Den her sang handler om at få det bedste ud af det, si si), Under Byen assume totalement ses origines culturelles et musicales. En chantant d’abord exclusivement en danois (on n’y comprends rien, mais c’est d’autant plus beau), et en s’inscrivant pleinement dans la vague des musiques nordiques (Björk, Stina Nordenstam ou Sigur Rós).
Le résultat, qui s’écoute d’une traite, en apnée hypnotique, est une expérience musicale unique, captivante, aérienne. L’équivalent musical d’un bon sauna après un bain dans les eaux glacées. Apaisant autant qu’extrême.