Le 22 septembre 2024
Vif, intelligent et sensible, ce documentaire est le récit d’une comédienne et réalisatrice, Valérie Donzelli, qui, depuis qu’elle fait du cinéma, ne triche jamais, ni avec les autres, ni avec elle-même. Un coup de cœur.
- Réalisateur : Valérie Donzelli
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 18 septembre 2024
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Résumé : "En 1996 j’ai passé le concours du Conservatoire. Je l’ai raté. Il y a un an on m’a demandé d’y faire une masterclass sur le jeu d’acteur au cinéma. J’y suis allée. J’ai rencontré une jeunesse vivante, joyeuse et passionnée. Parmi mes élèves il y avait Clémence. L’année d’après, elle m’a demandé de filmer leur dernier spectacle. J’ai ressenti son urgence et la peur qu’elle avait de quitter ce lieu mythique. Alors j’ai accepté. En filmant cette jeunesse, j’ai revisité la mienne." Valérie Donzelli
Critique : Valérie Donzelli est surtout connue pour ses films de fiction, qui, pour certains d’entre eux, flirtent véritablement avec sa propre vie. Cette fois, elle s’engage dans un documentaire, à travers les traits d’une apprentie comédienne et metteuse en scène, Clémence, qui, pour l’examen de fin d’études du Conservatoire de Paris, tente de dérouler sur les planches une version pour le moins ingénieuse du Hamlet de Shakespeare. En réalité, la réalisatrice ne propose pas un regard distancié sur les dernières semaines d’étudiants en art dramatique, a fortiori, dans une institution réputée où elle-même avait raté le redoutable concours d’entrée. Au contraire, elle s’invite comme un personnage à part entière, qui non seulement rappelle à mots couverts son propre parcours dans la comédie, mais surtout fait œuvre d’une ambition certaine en matière de transmission sur ce que seront le cinéma et le théâtre de demain.
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Valérie Donzelli est une femme intègre et généreuse. Elle n’hésite pas à se mettre en scène, autant rieuse, que traversée par des soucis personnels, autour de ces jeunes qui débordent d’énergie. Le documentaire va jusqu’à valoriser son passage de la cinquantaine, là où ces jeune gens doutent encore de leur avenir dans la profession sans jamais se décourager. Ils se battent avec un texte transformé pour l’occasion dans une mise en scène populaire, ouverte, et joyeuse. Cette Clémence Coullon, double parfait de la jeune adulte Valérie Donzelli, est assurément une artiste à suivre, tant elle permet à ce théâtre anglais et baroque de se déployer dans un ton absolument moderne et politique.
Rue du Conservatoire est une œuvre généreuse et optimiste. Elle bat en brèche tous les stéréotypes d’une jeunesse actuelle qui ne serait pas travailleuse, ni engagée. Ces jeunes n’ont pas honte de rêver d’une situation financière stable, ce qui signifie à demi-mots une forme de célébrité ; en même temps, ils bataillent avec des mots, des émotions, c’est-à-dire tout ce qui fait la matière de l’art théâtral. Le film dégage une tonalité qui irradie de bonheur à travers le regard de ces comédiens qui voient dans le métier d’acteur une opportunité de faire vivre des valeurs dont notre République a bien besoin.
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La forme du documentaire se veut la plus simple et sincère possible. La réalisatrice n’hésite pas à mêler des images sorties de son téléphone. Parfois, la photographie est floue, maladroite, à l’instar de ces jeunes qui attendent d’exister sur les scènes françaises. La réalisatrice ne fait pas de chichi. L’important pour elle est de témoigner du renouvellement indiscutable des talents, là où, en contrepoint, elle interviewe avec beaucoup de respect et d’admiration, la directrice du Conservatoire qui s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite. La dame, forte d’une longue expérience à la tête de l’école, donne à voir et à penser une vision du monde où le multiculturalisme, la lutte contre l’élitisme sont des moteurs certains en faveur du vivre-ensemble.
Rue du Conservatoire s’invite dans la filmographie de Valérie Donzelli comme une forme de parenthèse enchantée. La réalisatrice confie en fin de film qu’elle cultive un projet de mise en scène au théâtre, comme si l’énergie de ces jeunes qu’elle a filmés pendant quelques semaines lui avait ouvert des perspectives nouvelles. En tout cas, voilà une artiste qui, depuis son premier essai au cinéma La reine des pommes revitalise une écriture qui avait trouvé une sorte de point d’aboutissement avec L’amour et les forêts.
On a hâte de découvrir son prochain film de fiction.
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