Le 24 octobre 2024
Un polar emblématique d’un genre en vogue dans le cinéma français des années 80. Jean-Claude Missiaen, réalisateur cinéphile, tente la jonction entre une approche traditionnelle et une volonté de stylisation.
- Réalisateur : Jean-Claude Missiaen
- Acteurs : Gérard Desarthe, Lucas Belvaux, Vernon Dobtcheff, Gérard Lanvin, Eddy Mitchell, Raymond Pellegrin, Marc Chapiteau, Lisette Malidor, Jean-Claude Bouillaud, Françoise Arnoul, Pierre Londiche, Roland Amstutz, Marc de Jonge, Patricia Millardet, Philippe Mareuil, Robert Rimbaud
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 11 janvier 1984
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Résumé : Deux inspecteurs découvrent le cadavre d’un député influent. Pour leur enquête, ils doivent approcher la redoutable Mara et ses relations douteuses. Mais ils sont dessaisis de l’enquête pour s’occuper de squatters...
Critique : Critique et historien du cinéma, ancien membre des cinéphiles « mac-mahoniens » (admirateurs du cinéma américain), Jean-Claude Missiaen a réalisé trois polars dans les années 80. Cette décennie, surtout dans sa première partie, a vu nombre de films français optant pour ce genre, succès de box-office, mais diversement appréciés. Le choix des armes d’Alain Corneau a été l’une des grandes réussites, quand La balance de Bob Swaim se montrait plutôt bourrin, Tchao pantin de Claude Berri constituant une ligne médiane. Après le succès critique et public de Tir groupé (1982), tourné avec un petit budget, Jean-Claude Missiaen s’est vu accorder de gros moyens pour Ronde de nuit. Produit par Alain Sarde et AMLF, le film a été coécrit par le cinéaste, Claude Veillot et Marc Perrier.
Deux inspecteurs de la police judiciaire de Paris, Gu (Gérard Lanvin) et Léo (Eddy Mitchell), sont chargés d’enquêter sur le meurtre d’un député. Ils vont découvrir une sombre affaire de manipulation immobilière révélant la complicité du monde politique, d’hommes d’affaires et de la pègre. Il faut s’accrocher quelque peu pour suivre l’intégralité du récit, mais là n’est pas un reproche formulé au film, tant un synopsis confus a pu justement contribuer au pouvoir de fascination de perles noires comme Le grand sommeil. Mais il est clair que le récit n’est pas l’attraction majeure de Ronde de nuit, même si nous n’irions pas jusqu’à déplorer, comme Jacques Valot à l’époque, « un scénario redoutable, éculé, à base de magouilles politicardes bien épaisses » (La Revue du Cinéma, la saison cinématographique 1984).
Ronde de nuit séduit pourtant par ses dialogues, particulièrement ceux déclamés par Eddy Michell, le personnage de Léo s’avérant être un cinéphile pointu, citant Richard Widmark dans Alamo au cours d’une scène de bagarre, ou Ava Gardner dans Les tueurs lors d’un repos du guerrier en compagnie de son collègue. Un décalage qui prête à sourire quand on sait que l’acteur chanteur animait dans les années 80 une émission de télévision culte, La dernière séance. Et c’est bien évidemment le réalisateur qui s’exprime aussi, même si Ronde de nuit semble plutôt un hommage au film policier français pré-Nouvelle Vague des années 50 (Verneuil, Grangier...). À cet égard, ce n’est pas un hasard si Missiaen a fait appel à Françoise Arnoul, ex-star de cette décennie, pour incarner Diane Castelain, la journaliste intègre qui aide les deux enquêteurs.
Mais le long métrage vaut surtout pour son atmosphère, l’ambiance nocturne étant remarquablement rendue par le travail du directeur photo Pierre-William Glenn ; et une mise en scène à la fois incisive et élégante qui rappelle le savoir-faire des petits maîtres hollywoodiens (Ulmer, Siegel) : le combat final sur un toit l’illustre à merveille. Enfin, le casting est judicieux. Outre les interprètes cités, on peut mentionner Lise Malidor en troublante tueuse glamour, au look évoquant Grace Jones ; Raymond Pellegrin en parrain, Pierre Londiche en prometteur véreux ou le tout jeune Lucas Belvaux en stagiaire journaliste, moins timide qu’il n’en a l’air.
Le film fut un succès commercial honorable, dépassé toutefois de loin par le clinquant Rue barbare de Gilles Béhat. Le troisième polar du réalisateur, La baston (1985), sera par contre un échec sans appel.
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