Le 4 juin 2017
Les vingt-cinq ans d’attente sont-elles récompensées ? Réponse ici.
- Durée : 54mn
Notre avis : Membre éminent du Pink Floyd des années 60 aux années 80, créateur génial des paroles assassines de l’album Animals et d’une grande partie du double album The Wall, Roger Waters est en partie responsable de l’implosion du groupe le plus fameux des années 60-70 pour avoir tenté de reprendre la direction complète du quatuor avec l’album The Final Cut en 1983. Désormais en rupture avec ses anciens camarades, l’homme entame une carrière solo moins brillante, mais qui débouche en 1992 sur la création du remarquable Amused To Death, une œuvre-phare qui laissait augurer du meilleur pour la suite… qui ne vint jamais. Les années 90-2000 furent celles d’un long silence, tout juste interrompu par un opéra classique (Ca ira) dont on se serait passé et de quelques inédits disséminés sur des albums de Marianne Faithfull. Le créateur semblait tout juste bon à nous resservir une énième tournée de son The Wall, telle une machine à fric incapable de créer du nouveau matériel afin de satisfaire les fans toujours en attente.
Il aura donc fallu vingt-cinq longues années pour que Roger Waters sorte un nouvel album alors qu’il arbore 74 printemps. Is This The Life We Really Want ? a beau être produit par Nigel Godrich, l’homme derrière Radiohead, l’album sonne surtout comme du Roger Waters qui n’aurait pas évolué d’un iota entre 1992 et nos jours. Le fan que je suis ne s’en plaindra pas et retrouve avec cette galette toutes les formidables sensations éprouvées lors de la découverte ébahie des précédents albums des années 80 et 90. Toujours en colère, le citoyen Waters a retrouvé la rage de ses albums les plus sombres, aussi bien dans les paroles que la musique. Il livre donc ici 12 titres qui sont autant de pépites à savourer de toute urgence.
Cela commence par une petite intro qui nous replonge aussitôt dans l’univers torturé du bonhomme, avec ces voix issues de radios et ces bruits d’ambiance caractéristiques de tous ses albums depuis Wish You Were Here. On enchaîne aussitôt avec Déjà vu qui sonne comme du Waters de Amused To Death, avec mélodie immédiatement mémorisable et chant intimiste à peine rompu par un cri de rage. Le texte audacieux s’en prend directement à Dieu en l’accusant d’avoir mal fait son boulot. Nous, on adore cette provocation qui initie un album particulièrement misanthrope où l’artiste crache à la face de notre société gangrenée par l’argent, la finance internationale et dirigée par des abrutis comme Donald Trump.
Crédit Image : Sean Evans
The Last Refugee, comme son nom l’indique évoque le cas des migrants qui errent sur les plages dans l’indifférence générale. La musique quant à elle se fait douce et grave, évoquant certains titres dépouillés de David Bowie, tout en mettant en avant les claviers et synthétiseurs. Puis, le premier titre rythmé arrive avec Picture That qui nous refait le coup de l’introduction à la Sheep et délivre une belle décharge d’adrénaline, tandis que la voix de Waters se fait plus incisive. Là encore, peu de guitare électrique, mais une tendance à reprendre des arrangements synthétiques comme à la grande époque de Wish You Were Here et Animals qui resteront les deux grandes références de cet album. Broken Bones est une chanson douce avec cordes arrangées avec bonheur, tandis que l’auteur se permet à nouveau une belle envolée lyrique comme au temps de The Final Cut et The Pros and cons of Hitch-Hicking. On en reste bouleversé, même si le procédé est facile.
Et voici venir le titre éponyme Is This The Life We Really Want ? qui ressemble à s’y méprendre au récent Lazarus de David Bowie, une bien belle référence en vérité. Le chanteur en profite pour dénoncer une société repliée sur elle-même par la peur de l’étranger et totalement abrutie par la télévision – autre cible privilégiée de Waters. Le morceau est assurément l’un des meilleurs de la galette. Il est d’ailleurs couplé avec un autre bijou intitulé Bird In A Gale qui retrouve un aspect expérimental et électronique. On plonge à nouveau dans une atmosphère sombre à la Animals avec guitare saturée et synthé planant à la Richard Wright. Le chanteur est ici en mode énervé, c’est-à-dire ce qui convient le mieux à son timbre de voix. Retour au calme avec la jolie mélodie de The Most Beautiful Girl qui sait être touchante, sans en faire trop. On repart dans les années 70 avec l’excellent titre Smell The Roses qui aurait pu figurer sur un album du Floyd de la grande époque. Un passage est d’ailleurs une citation directe du génial Dogs et le fan que nous sommes est alors propulsé dans la stratosphère floydienne.
Waters termine cet album décidément bien sombre sur trois morceaux enchaînés qui n’en forment qu’un seul. C’est simple, touchant et basé essentiellement sur la mélodie. Il clôt ainsi cette galette dans un style plus apaisé, comme si l’amour était finalement le seul sentiment qui avait encore de l’importance à ses yeux.
Au final, cette nouvelle livraison, si elle n’apporte rien de novateur, emporte très largement l’adhésion dès les premières écoutes et se hisse aisément parmi les meilleurs albums parus ces derniers temps. Qui a dit ces dernières années ?
L’album est actuellement disponible à la vente.
Track listing :
1 When We Were Young – 1:38
2 Deja Vu – 4:27
3 The Last Refugee – 4:12
4 Picture That – 6:47
5 Broken Bones – 4:57
6 Is This the Life We Really Want ? – 5:55
7 Bird in a Gale – 5:31
8 The Most Beautiful Girl – 6:09
9 Smell the Roses 5:15
10 Wait for Her – 4:56
11 Oceans Apart – 1:07
12 Part of Me Died – 3:12
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mickmac099 11 juillet 2017
Roger Waters : Is This The Life We Really Want ? – la critique de l’album
Alors, je l’ai acheté en CD...
Alors, je l’ai écouté, ce CD...
Alors, je suis déçu ! Voire désolé !
J’ai l’impression que c’est du rafistolage de Pink Floyd, musicalement parlant... un monstre de Frankenstein !
Décevant ! Ou bon pour les non-initiés.
Amused to Death est 100 fois mieux !
Désolé Roger.