Ridley Scott, d’échec en succès

Le réalisateur britannique, véritable touche-à-tout, enchaîne les genres, du polar au film de guerre en passant par la SF et le plaidoyer féministe depuis plus de trente ans. Une imagination féconde et un sens unique de la mise en scène au service de plusieurs chefs-d’œuvre.

Frère aîné de Tony, également réalisateur, Ridley Scott est né à South Shields en Angleterre le 30 novembre 1937. Passionné par le dessin, il fait des études au très prestigieux Royal College of Art de Londres. Après un séjour aux Etats-Unis, il se fait remarquer par un court métrage et intègre la BBC au début des années 60, pour laquelle il réalise des épisodes des séries très populaires Z-Car et The Informer. En 1977, il signe son premier long métrage Les duellistes, récit d’un éternel duel entre deux lieutenants (Keith Carradine et Harvey Keitel) pendant les campagnes napoléoniennes. Il se distingue immédiatement par la qualité de sa mise en scène, qu’il s’agisse de la lumière ou des remarquables chorégraphies de combats et obtient le prix de la meilleure première œuvre au Festival de Cannes.

Se succèdent alors deux films de science-fiction, qui vont devenir immédiatement des films cultes. Dans Alien (le huitième passage) (1979), la belle Sigourney Weaver se débat seule contre une horrible créature. Blade Runner est une plongée réaliste et inquiétante dans le futur. Harrison Ford y trouve un de ses meilleurs rôles, un chasseur de primes lancé à la poursuite des "répliquants". Il faudra attendre les années 90 pour visionner Blade Runner dans sa version originale puisqu’à sa sortie, en 1981, la Warner jugeant le film trop hermétique lui avait ajouté une voix-off et un happy-end absurde.

Scott abandonne la science-fiction après l’échec critique et commercial de Legend (1985), un conte de fées au scénario plutôt plat. En 1987 et 1988, il enchaîne deux polars efficaces : Traquée dans lequel Tom Berenger tombe amoureux de la femme qu’il doit protéger, et Black Rain qui offre un rôle de flic dur à cuire à Michael Douglas.

En 1991, c’est la consécration avec le féministe Thelma et Louise, qui remporte tous les honneurs que le public, la critique et la profession peuvent conférer. Elle sera malheureusement suivie d’une nouvelle traversée du désert, inaugurée par l’échec retentissant de 1492, Christophe Colomb, puis celui de Lame de fond (1996) et de l’affligeant A armes égales (1997), un plaidoyer pour l’intégration des femmes dans l’armée américaine.
La renaissance viendra avec un genre complètement délaissé par les studios américains, le péplum. Gladiator (2000) est une grande épopée, dans laquelle explose le talent de Russell Crowe, récompensé par un Oscar. Le film est un phénomène en salle dans le monde entier.
Depuis, Ridley Scott a enchaîné les succès, malgré la qualité très inégale de ses derniers films dont Hannibal (2001), la suite du Silence des agneaux, marqué malgré tout par la belle interprétation de Julianne Moore. La chute du faucon noir (2002) est une succession d’images fortes sur la bataille de Mogadiscio en Somalie en octobre 1993, auxquelles manque à nouveau un scénario plus abouti. Retour en 2003 à la comédie dramatique avec Les associés, sur fond d’arnaques avec Nicolas Cage et Sam Rockwell. En 2005, par un retour de balancier typique du personnage, retour à l’épopée, cette fois-ci celle des croisades, avec Kingdom of heaven, un très gros échec au box-office international. L’un des plus lourds de son auteur. Et même grand écart l’année suivante avec, cette fois-ci une comédie hélas consternante, Une grande année. On lui pardonne, puisqu’il saura montrer une virtuosité discrète et une efficacité totale avec American gangster en 2007 et un sens pointu des réalités géopolitiques avec Mensonges d’état, où il dirige pour la première fois Leonardo di Caprio, malheureusement un nouveau flop commercial.

En 2010, il revient sur la Croisette avec son acteur fétiche, Russell Crowe, cinq films ensemble, pour présenter Robin des Bois, une superproduction d’action de 130 millions de dollars qui a l’honneur d’ouvrir le festival de Cannes, en l’absence du cinéaste qui se remet d’une opération au genou. Le cinéaste n’avait pas été sélectionné depuis Thelma et Louise en 1991.

Filmographie

– The duellists (1977)
– Alien (1979)
– Blade runner (1982)
– Legend (1985)
– Someone to watch over me (Traquée, 1987)
– Black rain (1989)
– Thelma et Louise (Thelma and Louise, 1991)
– Christophe Colomb (Christopher Columbus, 1992)
– Lame de fond (White squal, 1996)
– A armes égales (G.I. Jane, 1997)
– Gladiator (1999)
– Hannibal (2001)
– La chute du faucon noir (Black hawk down, 2001)
– Les associés (Matchstick men, 2003)
– Kingdom of heaven (2005)
– Une grande année (A good year, 2006)
– American gangster (2007)
– Mensonges d’état (Body of lies, 2008)
– Robin des Bois (Robin Hood, 2010)