Nuit agitée
Le 11 février 2004
Grande figure de la littérature arabe, Naguib Mahfouz lutte chaque jour contre la nuit ultime en couchant sur le papier ses songes empreints d’angoisse et de mélancolie.
- Auteur : Naguib Mahfouz
- Editeur : Les Editions du Rocher
- Genre : Roman & fiction
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Chaque nuit, Shéhérazade sauvait sa jolie nuque du couperet froid du cruel roi Schahriar, avec ses mots pour unique arme. Chaque nuit, Naguib Mahfouz fait face à ses rêves, reflets de l’absurdité et de l’ombre oppressante de la vieillesse et de la mort.
On disait du grand écrivain égyptien, qu’il avait décidé de refermer son plumier après avoir offert au patrimoine littéraire une œuvre foisonnante, récompensée en 1988 par un prix Nobel. Mais comme la belle princesse, le vieil homme, âgé aujourd’hui de quatre-vingt-douze ans, fait de la résistance et a couché sur le papier le récit de cinquante-cinq songes, comme pour repousser la nuit définitive à l’aide de ses mots.
Que les amateurs d’un onirisme sucré ne se méprennent pas. En dépit du titre, Rêves de convalescence est loin des tranquillités du bonheur. Bien au contraire, ce recueil reflète un quotidien empreint de mélancolie et d’angoisse.
Dans les dédales du vieux Caire, sur une felouque au clair de lune ou dans les bureaux poussiéreux de l’administration, le narrateur croise chaque nuit des figures inquiétantes, qu’ils soient malfrats, ouvriers douteux ou infirmières malintentionnées. Impuissant face à la violence, il ne cesse de fuir.
Même la présence de ses vieux amis ou de femmes aimées ne peut résister à la terreur et leurs images se brisent dans l’angoisse. "Sa tête magnifique choit et roule jusqu’au fleuve. Elle est emportée par le courant, telles les roses du Nil, et je reste seul, contrit à jamais dans les regrets du désespoir."
Naguib Mahfouz n’a rien perdu de son talent de conteur mais sa poésie toujours aussi belle et étrange est ici au service d’une mélancolie omniprésente. De quoi peut-être déstabiliser ses lecteurs habituels.
Naguib Mahfouz, Rêves de convalescence, (Ahlâmou fatrat al-naqâha, traduit de l’arabe par Ahmed Youssef et Rudolf El-Kareh), Ed. du Rocher, 2004, 140 pages, 15 €
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