Le 25 janvier 2025


- Dessinateur : Lebon, Augustin
- Coloriste : Poupelin, Hugo
- Genre : Aventure, Société, Anticipation
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 7 janvier 2025
La dystopie écologique fait son retour dans une intégrale bienvenue.
Résumé : En 2068, l’Europe est une terre asséchée, aux mains de multinationales agroalimentaires qui contrôlent toute la chaîne de la nourriture, mais aussi les villes et les terrains, soutenues par une organisation armée européenne. Les résistants sont peu nombreux et divisés...
Critique : Avec cette réédition, Augustin Lebon s’invite, lui et son oeuvre, à repenser les choix politiques actuels qui peuvent faire vaciller notre avenir proche. Évidemment, sa dystopie de fin du XXIème siècle sur l’Europe n’engage que lui, mais en exagérant (et encore, les études tendent à montrer que l’empoisonnement et l’accaparation des terres agricoles sont un moyen économique largement employé par les grandes firmes du secteur) les prises de position de l’agroalimentaire et de l’industrie agricole, il montre un continent voué à seulement survivre, prisonnier de terres arides et de moyens de production alimentaires captés par le capitalisme. Entre Soleil Vert et Mad Max, cette série en quatre tomes n’a cependant pas vraiment trouvé sa voie : trop optimiste, elle voit ses résilients, cette résistance qui prône la non-violence, non seulement gagné au final, mais aussi réussir par trois fois à reconstruire des milieux propices à une agriculture durable et une nature préservée de la main de l’homme. Pas assez violente, elle voudrait à des moments faire preuve d’une intransigeance farouche envers es protagonistes, mais n’y parvient pas vraiment non plus, un oeil ou une cicatrice faisant l’affaire quand d’autres auraient perdu la vie trois fois de suite...
© Casterman / Lebon
De cet avenir sombre, c’est donc une lumière qui subsistera au final, c’est tant mieux, les autres œuvres nous ayant appris à seulement imaginer la fin du monde plutôt que celle du capitalisme. Lebon joue un joli pied de nez au réalisme dans son scénario, mais cela n’enlève rien à la justesse de son dessin. A l’instar de Neige, les traits sont souples, souvent positifs pour la plupart des personnages, comme si même les plus sombres méritaient une seconde chance, sans que l’on en déteste un véritablement. Les décors sont là aussi bien exécutés, depuis cette ferme en ruines mais abritant une végétation dense jusqu’à cette forêt préservée et cachant une ZAD, en passant par les habitations en forme de cellules des villes et la base Arctique d’un dénouement final inattendu... La pluralité des lieux fait gagner en vigueur cette intégrale qui semble filer à grande vitesse sur une aventure régénératrice pour le monde et le lecteur.
Intrigue dystopique écologique, Résilience indique par son nom qu’elle ne compte pas assombrir l’humour de son lecteur, mais bien lui donner une dose d’espoir malgré un horizon bouché. Cette réédition fait partager ce sentiment et propose une aventure forte sans être extrême, optimiste sans être bon enfant.
256 pages – 36 €