Rendezvous

C’est en 1991 que le guitariste et chanteur Néo-zélandais Dean Wareham crée Luna sur les cendres de son précédent trio Galaxie 500, auteur du remarqué This is our music. Fasciné par le Velvet Underground et encore davantage par Lou Reed, Wareham construit des chansons pop lancinantes, souvent basées sur 3 accords, qu’il étire en longueur de sa voix cotonneuse et de son phrasé laconique qui lui vaudra d’être trop souvent comparé à son idole. Galaxie 500 fait alors partie des grands espoirs des college radios américaines, au même titre que les Pixies ou Pavement. Mais Wareham goûte très peu au music business et s’apprête à se coltiner un peu malgré lui une image d’éternel outsider, image qui permettra pourtant à Luna de développer sa musique dans son coin, pour un honorable nombre de fans très fidèles. C’est ainsi que paraissent, de 1992 à 2002, six albums relativement identiques (dont les très réussis Bewitched et Romantica), tous pourvus d’un son chaud et d’une sensation de proximité immédiate qui rapproche le groupe de certains de ses contemporains (Yo La Tengo, Low ou même Mercury Rev). Mais Wareham, lassé par l’industrie du disque, déçu par le surplace de son groupe et finalement pris à son propre piège, décide aujourd’hui de mettre un terme à l’aventure Luna, comme il l’avait fait avec Galaxie 500.

Luna nous quitte donc sur ce Rendezvous loin d’être manqué, et même taillé sur mesure pour nous laisser de beaux regrets (les somptueux Malibu love nest, Astronaut ou la ballade Still at home), mais également avec l’espoir d’un futur meilleur. Car fort d’une maturité qui semble maintenant l’aider dans ses choix, Wareham s’est rapproché de l’excellent label Jetset, qui a déjà publié cette année L’avventura, album du duo Dean Wareham & Britta Phillips (ex-bassiste de... Luna) reprenant des standards de la chanson américaine au milieu de compositions personnelles. De là à envisager un premier album solo, il n’y a sans doute qu’un pas que Wareham ne manquera pas de franchir sous peu.