Le 11 février 2005
Un entretien détendu et détaillé avec les quatre Anglais qui ne vont pas tarder à conquérir la planète.
Lorsque ces quatre Anglais auront conquis la planète rock, d’ici à quelques mois, il faudra se souvenir qu’ils accordèrent à aVoir-aLire un entretien détendu et détaillé un jour de décembre 2004, juste avant de monter sur scène en première partie d’Interpol. Nous, en tout cas, on s’en souviendra.
aV-aL : Comment le groupe s’est-il formé ?
Kele Okereke (chant, guitare) : J’ai rencontré Russell (guitariste, ndlr) à un festival, on a parlé musique et on s’est rendu compte qu’on habitait le même quartier. On a donc commencé à jouer ensemble puis à composer il y a quatre ans à peu près. Gordon (bassiste, ndlr) a répondu à une annonce placée dans le NME, et Matt (batteur, ndlr) nous a été présenté par des amis communs.
Y-a-t-il eu un moment précis, un déclic, qui vous a fait vous dire que l’aventure devenait sérieuse ?
Kele : On a toujours pris tout ça très au sérieux, dès le début, mais on ne trouvait pas forcément les bons musiciens, la bonne alchimie. Et puis dès qu’on a entendu Gordon et surtout Matt, on a su dès les premières secondes qu’on avait trouvé le line-up définitif de Bloc Party.
Matt Tong (batterie) : Je pense que tout était déjà en place avant que j’arrive ; j’ai simplement eu à y mettre ma petite touche personnelle.
Kele : Mais depuis que Matt nous a rejoints, nos façons de jouer et de composer ont changé. On a beaucoup plus d’idées, notamment au niveau des rythmiques.
Vous avez sorti quatre singles en l’espace d’un an avant cet album. Y-avait-il une sorte de plan d’attaque pour conquérir le public petit à petit ?
Matt : Non ! On ne peut pas établir les choses de la sorte ! Tout s’est fait naturellement, une chose en entraînant une autre.
Vous avez poursuivi deux carrières presque parallèles cette dernière année : déjà reconnus en Grande-Bretagne, vous êtes des têtes d’affiche indiscutables. Ailleurs, par contre, vous jouez en ouverture d’autres groupes. Y-a-t-il une sorte de challenge lorsque vous jouez en première partie devant un public pas forcément acquis à votre cause ?
Matt : Oui, complètement. C’est toujours un challenge de tenter de sensibiliser de nouvelles personnes à notre musique. Mais de toute façon, on se donne toujours à fond, que l’on soit tête d’affiche ou pas. En tout cas, le public français a très bien réagi jusqu’ici ! La première fois qu’on a joué en France, au dernier Festival des Inrocks, le public était totalement fou, on n’avait jamais vu ça...
Ressentez-vous une certaine pression à la veille de la sortie de l’album ? Vous semblez déjà attendus au tournant...
Kele (réfléchit, puis) : ...Non, on a plutôt hâte que l’album sorte, pour que les gens puissent enfin entendre toutes nos chansons. Ça fait maintenant un an que l’on joue en concert des chansons que les gens ne connaissent pas ; on est impatient de voir la réaction du public lorsque celui-ci aura la possibilité d’écouter le disque chez lui avant de venir aux concerts.
On semble vous reprocher votre côté "arty" en Angleterre, à cause de l’intérêt que vous montrez pour la culture au sens large...
Kele : Pfff ! On n’est pas plus "arty" que n’importe quelle personne qui s’intéresse un minimum à la culture. C’est pas parce qu’on fait partie d’un groupe de rock que l’on ne doit pas s’intéresser à autre chose... L’important, surtout, c’est de rester honnête, de ne pas "prétendre". Et je ne crois pas qu’on ait déjà essayé de se faire passer pour ce que l’on n’est pas.
Musicalement, vous semblez avoir des influences très diverses. Est-ce une des clés de votre succès, à votre avis ?
Kele : Euh, je ne sais pas... Ce que je sais, par contre, c’est que je n’en peux plus de ces groupes à guitares qui jouent des morceaux préfabriqués, où cinq secondes après le début, on sait déjà tout du morceau. Nous, on s’efforce d’entretenir la notion de surprise, on laisse une place à l’inattendu dans notre musique. Et je crois que le fait d’avoir des influences très variées nous aide à y parvenir, nous évitant de construire des morceaux formatés, coincés dans un seul registre.
Justement, comment construisez-vous vos chansons ? Etes-vous du genre à conceptualiser votre musique, à en débattre beaucoup, ou êtes-vous plutôt du genre à jouer ensemble jusqu’à ce qu’une mélodie prenne forme ?
Kele : En fait, c’est marrant, mais ça a beaucoup évolué. Au début, l’un d’entre nous arrivait avec une idée, un riff, et on essayait simplement d’en tirer le maximum. Et puis comme on évoluait tous dans le même "univers mental", on allait forcément dans le même sens. C’est seulement aujourd’hui que l’on commence à beaucoup parler de la manière dont nous jouons. Et lorsqu’on compose, chacun donne son opinion. Il faut apprendre à être flexible, à ne pas être bloqué sur un truc et à accepter l’idée que l’avis de l’autre fera avancer les choses. C’est ça être créatif aujourd’hui, pour moi.
Propos recueillis à Lyon le 8 décembre 2004
Merci à Cédrick Lohou chez V2
L’album Silent alarm (lire notre critique) sort le 14 février chez Wichita/V2
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