Ombre et lumière
Le 1er mai 2007
Une splendeur technique qui ne parvient pas à masquer les lacunes d’un scénario sagement référentiel.
- Réalisateur : Christian Volckman
- Genre : Animation, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 25 septembre 2024 22:05
- Chaîne : Programme Mangas
- Date de sortie : 15 mars 2006
Résumé : 2054. Dans un Paris labyrinthique où chaque fait et geste est contrôlé et filmé, Ilona Tasuiev, une jeune scientifique jalousée par tous pour sa beauté et son intelligence, est kidnappée. Avalon, l’entreprise qui emploie Ilona, fait pression sur Karas, un policier controversé, spécialisé dans les affaires d’enlèvement, pour retrouver au plus vite la disparue. Cela est vital : la jeune femme est l’enjeu d’une guerre occulte qui la dépasse. Elle est la clef d’un protocole mettant en cause le futur du genre humain. Le protocole Renaissance...
Critique : Il y a du nouveau dans le monde de l’animation et, cocorico, la surprise est française. Hormis quelques claques passagères (la dernière en date étant Ghost in the shell 2 : Innocence, le cyber-thriller de Mamoru Oshii), on avait fini par croire que la 3D n’était bonne qu’a modéliser des animaux multicolores caquetants à tout bout de champ. Véritable défi technique et artistique, Renaissance dépoussière cette image et pourrait bien être le film à imposer l’idée d’une animation française pour adultes. Une gageure quand on se rappelle le flop de la précédente tentative en la matière, Kaena.
Prenant place dans un Paris futuriste, contrôlé par une multi-corporation orwellienne dénommée Avalon, le film adopte une image résolument noire, mais non dénuéz d’onirisme (Paris sous la neige en 2054, malgré le réchauffement planétaire). De cet onirisme des bas-fonds, des toits vides et des rues battues par la pluie dont Frank Miller s’est rendu maître (voir sa série de comics Sin City, dont l’ascendant visuel sur Renaissance est évident). Car la trouvaille la plus marquante, celle qui est sûre de marquer le spectateur, c’est le noir et blanc. Loin du concept-gadget, il apporte au film un supplément d’âme qui le démarque définitivement de ses froids confrères. Sculptant les volumes, travaillant les contrastes, le réalisateur s’inspire volontiers de l’expressionnisme allemand pour livrer sa vision d’un Paris tentaculaire où le Sacré-Cœur serait noyé sous une masse d’habitations. Un superbe travail graphique qui évoque les lumières tranchées de Sin City (le film).
Visage blanc sur fond noir : effet garanti. De même pour les nombreux jeux de miroirs et de reflets, qui permettent de creuser intelligemment la thématique du double, point névralgique de la mythologie du film noir. Contrairement à ce que pourrait laisser supposer le synopsis, on se rapproche d’avantage du film noir des années 1940 que du thriller scientifique à la japonaise. Héros hard boiled au sang froid, femme fatale évanescente, patron corrupteur : les archétypes du genre sont là, pour notre plus grand plaisir de cinéphile. On en oublierait presque que, finalement, Renaissance tient lieu de polar très classique (sans doute un peu trop pour un projet de cette ambition) derrière son argumentaire scientifique en trompe-l’œil. Si le scénario aborde volontiers des thèmes comme l’immortalité ou la génétique, les propos échangés restent sommaires. La comparaison avec Ghost in the Shell 2 : Innocence, qui a su développer un univers rétro-futuriste incroyablement complexe, fait mal. Renaissance n’atteint jamais la même profusion et se contente de sa rengaine, un peu usée, de polar classique mais efficace. En prenant bien soin de lui offrir le plus beau des écrins, d’une noirceur d’encre barré de blanc.
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gahell 31 mars 2006
Renaissance - Christian Volckman - critique
Un idée trés intéressante, au niveau graphisme.
Le noir et blanc rend bien à l’écran.
Aprés un temps d’adaptation, on se plait à savourer les décors et le travail sur les personnages (les expression, notamment, qui tranche bien sur l’aspect "brut" du dessin en n&b)...
Pour le scénario, par contre, on n’a guère de surprise, si ce n’est quelques petits rebondissements...
Le méchant est méchant, le gentil est un flic désabusé,...
Peu de surprise de ce coté là, donc.
On aurait aimé un scénario plus "noir" pour coller avec le design général...
Mais cela reste un fort bon film, une bonne nouvelle pour l’animation française.
LeSariDeMadame 2 mars 2007
Renaissance - Christian Volckman - critique
Etonnant, spectaculaire et splendide ! Une énooorme envie après ce film de devenir architecte. Ou avocat, car seule la loi du + fort existe encore dans ce Paris de demain. Si l’histoire est un polar très classique, avec des perso très déjà vus, ça ne pose aucun problème car ils ne sont qu’un pretexte (et puis les femmes fatales c’est bien au cinéma) : ce qui est captivant c’est La Ville. Quelle beauté ! A voir et à voir sur grand écran surtout :-)