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Le 14 mars 2020
Quel peut être le sens de la vie quand le destin nous offre une machine à créer toutes les choses que l’on désire ? C’est en substance une des questions posées par ce thriller fantastique original et rudement bien mené. Flippant.
- Réalisateur : Christian Volckman
- Acteurs : Olga Kurylenko, Kevin Janssens, Joshua Wilson, Francis Chapman
- Genre : Fantastique
- Distributeur : Les films du poisson
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 7 mai 2020
- Festival : Festival de Gérardmer 2020
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Résumé : Kate et Matt quittent la ville pour s’installer à la campagne dans une grande maison isolée et délabrée. Peu après leur déménagement, ils découvrent une chambre qui a le pouvoir d’exaucer tous leurs désirs...
Notre avis : Ça commence comme tous les films du genre : l’arrivée d’un jeune couple new-yorkais dans une nouvelle demeure isolée et macabre. Lui est dessinateur, elle est traductrice. Ils n’ont pas d’argent et quittent sans doute la mégalopole américaine pour s’installer dans un espace isolé, faute de mieux, maison où ils ne tardent pas à apprendre qu’une tuerie des précédents occupants a eu lieu. On soupire, car on se dit qu’il s’agit d’un énième remake de la maison hantée avec son lot d’objets qui bougent, d’apparitions de fantômes et d’enfants possédés. En réalité, The room s’inscrit dans le récit fantastique en empruntant un chemin totalement inverse à ce que l’on a l’habitude de voir au cinéma. Cette maison est bien habitée par une force obscure, mais faite de câbles et de métal, et qui permet, à l’instar d’une imprimante 3D, de générer tous les objets rêvés par les hôtes de la maison. Nos deux protagonistes s’en emparent immédiatement et se mettent à concevoir, dans une jubilation presque écœurante, tout ce qui leur passe par la tête.
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The room serait-il l’emblème d’un capitalisme dévoyé ? La critique du matérialisme à tout cran est évidente. Très vite, le jeune couple se laisse aller à une sorte de boulimie de choses, qui le plonge dans une jouissance quasi hystérique et dégoulinante. Mais posséder pour posséder trouve très vite ses limites quand on est perdu au milieu de rien, qu’on n’a pas une vie sociale stable, et surtout quand on n’a ni ami ni enfant. Christian Volckman, qu’on connaît pour son polar d’animation Renaissances, plonge ses spectateurs dans un fantasme à grandeur réelle, où chacun s’identifie immédiatement au destin du couple, d’autant quand notre quotidien est jonché de dettes ou de frustrations, face à l’immensité de biens que le capitalisme donne en pâture. La mise en scène, très rythmée, joue volontairement sur l’excès et la démesure, au point que très vite on mesure les limites d’une telle possession.
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Le réalisateur est lui-même artiste peintre. Il n’est donc pas étonnant que son personnage principal soit dessinateur. Il se moque ouvertement d’une certaine culture artistico-bobo qui, a priori, se satisfait de la création d’art pour vivre, et se repaît d’argent, de produits de haute technologie, de vêtements, de sexe et de nourriture, dès le moment où la richesse et le matériel débordent de partout. La pâte du réalisateur se ressent dans une atmosphère très esthétisante. La peinture prend place sur les murs, la demeure se transforme en un labyrinthe féerique jusqu’à s’ouvrir sur des espaces naturels qui ne sont en fait que la représentation d’un désir de plein air. Ce mélange des perspectives est très réussi, tant d’un point de vue formel que dans la manière dont le réalisateur brouille les pistes de la narration. Il y a quelque chose de baroque dans le conception des décors qui constituent un axe très important du film, autant peut-être que l’histoire ou le jeu des comédiens eux-mêmes.
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Olga Kurylenko et Kevin Janssens se donnent à cœur joie dans ce thriller fantastique. On tremble avec eux pendant près d’une heure quarante, au milieu de ce chassé-croisé qui joue avec l’illusion et le réel. La dimension de la parentalité est aussi très bien décrite, empruntant les voies complexes d’une filiation non désirée ou d’une forme d’adoption non réfléchie. Personne ne restera indifférent à ce récit horrifique, où les uns trouveront une métaphore de la gloutonnerie capitalistique, et les autres tout simplement une opportunité de se faire peur.
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