Bobo dégueulasse
Le 21 janvier 2003

- Auteur : Jean-Marc Parisis
- Editeur : GRASSET
- Date de sortie : 7 janvier 2003
Il mesurait 1m70 à sa mort. Vingt ans plus tard, il grandit encore.
"Reiser va mieux, il est allé au cimetière à pied." Ainsi titrait le journal Hara-Kiri peu après le 5 novembre 1983, jour noir pour le dessin d’humour, les femmes et le sexe. Vingt ans plus tard (il en aurait eu 62), Reiser va toujours aussi bien. Peut-être parce que Gros Dégueulasse "n’est pas mort" et que, "réincarné en bobo", "il a troqué son slip kangourou pour un boxer Calvin Klein". Jean-Marc Parisis explique ainsi les raisons d’une réédition "anniversaire" de la biographie qu’il avait consacrée, en 1995, à l’auteur des Copines et de Jeanine.
D’Hara-Kiri à Charlie Hebdo, de la galère à la gloire, de Jocelyne à Michèle, Parisis découpe la vie de Reiser en tranches classiques dans un style qui l’est nettement moins : "Jean-Marc Reiser a passé sa jeunesse à ne voir et n’entendre que du petit. Les microtraumatismes sociaux ont limité sa croissance. Il n’a jamais dépassé le mètre soixante-dix."
Vomissant les beaufs, "les réseaux-gadgets aliénants du monde moderne" et les architectes (sauf Le Corbusier et Mario Botta), dessinant à gauche mais s’étant toujours tenu hors-parti ("C’était un déclassé", dixit Cavanna), baisant volontiers à droite ("Il n’aime la bourgeoisie que dans son lit", Parisis), promoteur de l’énergie solaire, féministe (il expliquait son succès public par le fait qu’avant lui, "on n’avait pas beaucoup vu les femmes en bande dessinée"), Reiser, c’était tout ça. Et aussi, et surtout, "[l’inventeur] d’un graphisme" sale, méchant, "secoué", qui mettait son époque "formidable" en pièce. Il aurait fait du bien à la nôtre.
312 pages - 20,30 euros