Le 16 mai 2024
Les intentions louables de ce film a priori historique méritent le respect. Malgré des références à l’expressionnisme et deux actrices inspirées, le spectateur reste en peu en retrait devant tant de noirceur.
- Réalisateur : Magnus von Horn
- Acteurs : Trine Dyrholm, Victoria Carmen Sonne, Besir Zeciri, Joachim Fjelstrup
- Genre : Drame, Biopic, Historique, Noir et blanc
- Nationalité : Polonais, Suédois, Danois
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h55mn
- Titre original : Pigen med nålen
- Date de sortie : 26 février 2025
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, en compétition
Résumé : Copenhague, 1919. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre. Alors qu’elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d’adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Réalisateur suédois, Magnus von Horn avait été révélé à la Quinzaine des Réalisateurs 2015 avec Le lendemain, récit d’un ado délinquant sorti de prison et rejeté par les siens : « un film coup de poing radical, aussi bien dans sa mise en scène que dans son scénario implacable », selon notre collaborateur François Bonini. Sa comédie décalée Sweat, en sélection officielle cannoise 2022, confirmait la sécheresse de ton de l’artiste, qui optait cette fois pour un long métrage en langue polonaise. Et c’est en choisissant l’idiome danois que le cinéaste propose La jeune femme à l’aiguille, en compétition officielle à Cannes 2024. « Avec ce film, je voulais explorer la possibilité d’être bon en enfer », précise Magnus von Horn sur le site du Festival. Coécrit par Line Langebek Knudsen, le scénario est basé sur un fait divers sordide ayant eu lieu au Danemark, après la Première Guerre mondiale. Karoline (Victoria Carmen Sonne) est la protagoniste d’un drame qui la voit accumuler les tuiles.
- © Lukasz Bak
Présumée veuve de guerre, cette ouvrière d’une usine de vêtements peine à payer son loyer, ce qui lui vaut une expulsion et un nouveau logement dans un taudis. Une idylle avec son patron, de qui elle tombe enceinte, s’avère être sans lendemain, et elle se retrouve sans emploi sous la pression de la mère de l’entrepreneur. Karoline s’apprête à se débarrasser de son fœtus, mais la rencontre avec une mystérieuse intermédiaire à l’adoption et le retour incroyable de son mari, défiguré par les combats, va changer la donne... N’en dévoilons pas plus. La suite de l’existence de notre anti-héroïne continuera à ne pas être de tout repos, et les déboires d’une Gervaise chez Zola ou de La porteuse de pain de Xavier de Montépin paraîtront en comparaison bien dérisoires... Certes, Magnus von Horn n’adopte pas de ton mélodramatique et évite heureusement les effets du tire-larmes.
- © Lukasz Bak
Au point de refuser d’ailleurs toute émotion et de proposer un bel objet distancié, alors que la carte d’un lyrisme élégant à la Sirk/Fassbinder aurait constitué une option consensuelle, réunissant tous les publics de festivals, mais au prix d’un manque d’audace. Certes, la relecture d’un fait divers ancien avec la grille d’un néo-féminisme dans le vent est une autre option intéressante, d’autant plus que l’oeuvre n’offre pas de psychologisme explicatif. Au crédit du film, on peut aussi mentionner un beau noir et blanc, se référant aussi bien à l’expressionnisme muet qu’à des classiques tels Freaks ou Elephant Man, auxquels fait songer aussi la thématique de la monstruosité (physique ou morale) supposée. Reste que la production finale peine à convaincre, tant les situations glauques ne sont pas compensées par une vision d’auteur suffisamment forte, le vernis visuel qui tient lieu d’exercice de style n’étant pas assez original et créatif pour susciter l’engouement. N’est donc pas Lynch ou Bronwing qui veut... L’ensemble se laisse pourtant voir sans ennui, et les deux comédiennes (Victoria Carmen Sonne et Tryne Dirholm) témoignent d’une réelle sincérité de jeu.
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