Du rififi chez les monstres
Le 13 septembre 2016
Le plus magnifique des hommages à la différence.


- Réalisateur : Tod Browning
- Acteurs : Leila Hyams, Wallace Ford, Olga Baclanova, Roscoe Ates, Henry Victor, Rose Dione, Harry Earles, Daisy Earles
- Genre : Drame, Fantastique, Épouvante-horreur, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h05mn
- Date télé : 27 mai 2024 21:59
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 23 novembre 2016
- Titre original : Freaks
- Date de sortie : 7 octobre 1932
- Festival : L’Étrange Festival 2012

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Résumé : Amour, sexe, infidélité et vengeance au cirque Tartellini. Amoureux de l’acrobate Cléopâtre, Hans, le lilliputien, abandonne sa fiancée, la microscopique écuyère Frieda. Cléopâtre épouse Hans par intérêt (elle apprend qu’il vient d’hériter) et décide de l’empoisonner avec la complicité d’Hercule, son amant. Mais le pot-aux-roses sera découvert et la vengeance, organisée par la coalition des "monstres" du cirque, sera effroyable...
Critique : Plus horrible que Dracula. C’est ce qu’exige de ses scénaristes Irving Thalberg, le puissant producteur de la MGM. Le succès de Tod Browning (un ancien de la maison où il a tourné de nombreux films muets) chez Universal l’a rendu fou de jalousie. Il l’engage pour ce Freaks dont le tournage ne va pas sans provoquer de remous au sujet des "monstres" comédiens, phénomènes de foire venus tout droit de chez Barnum et d’autres cirques américains. Les pétitions circulent afin qu’on leur interdise l’accès à la cantine du studio. Tolérance, tolérance...
À peine le montage terminé, Thalberg recule. L’horreur dépasse les limites concevables. Il fait amputer le film de trente minutes (d’où l’histoire un peu décousue). A sa sortie, le scandale est total. MGM le retire rapidement du circuit de distribution. Pour autant, la carrière de Freaks ne s’est jamais arrêtée et il est considéré aujourd’hui comme l’un des chefs-d’œuvre du cinéma fantastique.
Il faut dire que ce qui a tant choqué le public est justement ce qui fait la force du film. Les rôles sont incarnés par d’authentiques "monstres", femme à barbe, nains, homme-tronc, femme à tête d’épingle, hermaphrodite ou sœurs siamoises, qui sont aussi de merveilleux comédiens. Et dans ce sens, Freaks constitue un bel hommage à la différence. Qui de la part de Browning est tout sauf involontaire. De même, le rapprochement que l’on peut faire entre les mœurs du cirque Tartellini et celles du microcosme hollywoodien, permet une double lecture de Freaks parfaitement incorrecte. Le détournement par l’horreur et ceci sans le moindre voyeurisme... Du grand art !