Tod Browning, l’homme qui aimait les monstres

Curieux bonhomme que ce Tod Browning (1882-1962) qui, à l’âge de seize ans, s’enfuit de chez lui pour travailler dans un cirque. Régulièrement enterré devant un public payant - ainsi s’amusait-on au Far West à la fin du XIXe -, son rôle d’"homme qui ressuscite" sera une excellent initiation à sa carrière de réalisateur adepte de l’étrange, du saugrenu et du morbide.
Browning débute à Hollywood en 1914, comme assistant de Griffith sur Intolerance, devient acteur, scénariste et finalement passe à la réalisation. Quelques années et pas mal de films de gangsters et de nunucheries sentimentales plus tard, il parvient enfin à placer un de ses scénarios délirants, L’inconnu, l’histoire d’un homme qui, par amour, se fait amputer d’un bras. Désormais reconnu comme spécialiste du bizarre, c’est tout logiquement qu’un Dracula lui est confié. Browning y dirige sa découverte, le comédien Bela Lugosi, première et - si l’on peut dire malgré le nombre incalculable de remakes - ultime incarnation de la créature de Bram Stoker à l’écran.
Ne voulant pas être en reste avec cet énorme succès des studios Universal, la MGM l’engage avec pour seule mission de faire "encore plus horrible". Freaks sera boudé par un public choqué et provoquera la semi-disgrâce de Browning. Seuls quatre films lui seront confiés après coup et il arrêtera définitivement de tourner en 1939. La postérité a retourné la vapeur en mettant - à juste titre - ce réalisateur atypique au firmament du cinéma fantastique.

Filmographie (extraits)

– The unknown (L’inconnu, 1927)
– West of Zanzibar (1928)
– Dracula (1931)
– Freaks (1932)
– The devil doll (Les poupées du diable, 1936)
– Miracles for sale (1939)