Ille-et-Vilaine, ce bouquin ? Maine-et-Loire ? Non, mieux que ça, totalement Saint-Pierre-et-Miquelon ! Comme le dirait Muguette, la nouvelle voisine fantasque et malade des quatre sœurs orphelines qui sont cinq d’ailleurs, comme les trois mousquetaires étaient quatre. Aussi épatant que le premier tome centré autour de la benjamine, Enid, et de ses fantômes [1], celui-ci nous présente Hortense, la timide, la secrète, qui ne se sent bien qu’en compagnie de ses livres et de son journal intime qu’elle écrit dans le vent, sur sa falaise. Murée à l’intérieur d’elle-même ? C’est ce que doit penser sa prof de français qui lui conseille de prendre des cours d’art dramatique.

Entre Halloween et Noël, pas de temps mort à la Vill’Hervé. Geneviève qui ne ment jamais continue à mentir comme un arracheur de dents. Enid converse avec son Gnome de la Chasse d’Eau. Charlie tente par tous le moyens de joindre les deux bouts et de conserver un peu d’intimité avec son Basile. Bettina la punaise apprend à ses dépens qu’il est imbécile de ne croire qu’aux apparences et qu’on peut tomber raide amoureuse d’un Abominable Homme des Glaces de seize ans, même s’il élève une colonie de points noirs sur son long nez.

Malika Ferdjoukh, qui semble avoir conservé l’âge de ses héroïnes, fait avancer son récit tambour battant en le criblant d’inventions langagières et de dialogues désopilants. Pour nous dire que grandir, c’est pas si marrant que ça, surtout quand on est orpheline, mais que quand même, ça vaut le coup d’être vécu. Qu’elles pestent, râlent, pleurent, se chicanent ou tombent au plus profond du désespoir, les sœurs Verdelaine en tout cas déménagent à qui mieux mieux. D’éclats de rire en émotions, elles nous font passer par toute la gamme des sentiments. D’une manière formidable, tout à fait hors des sentiers battus, d’une manière tout simplement... "top Niagara" !