Les Mutants - La chronique BD.

Résumé

Pauline Aubry, reporter en planches et ancienne élève de l’école CESAN, raconte son expérience d’animatrice d’atelier BD au sein du service psychiatrique pour adolescents de l’hôpital Sainte-Barbe.

A travers les rencontres de diverses personnalités, elle compare son chemin de vie depuis l’enfance, ou ado turbulente elle malmenait son entourage - pour le plus grand bonheur de ses ami(e)s - avec le parcours de ces enfants échoués en psychiatrie, en plein mutation vers l’âge adulte.

Jaune presque moutarde, rose crevette, vert amande, voici les trois teintes de cet ouvrage que l’on peut attribuer à ces ados dont on va partager la vie grâce au premier ouvrage de Pauline Aubry.

Car la moutarde leur monte souvent au nez à ces jeunes enfants qui tentent de devenir adulte, même cette petite crevette Alice qui échoue dans cet immeuble tout vert, l’hôpital Sainte-Barbe et qui l’accueille à bras ouverts, bras qu’elle-même se scarifie. Et elle n’est pas seule. Malheureusement…

Les autres ce sont Annabelle, Adrien, Pierre, Mathieu, Mikaël, Léonard, Jonathan, Jérémy, Coralie … Ils ont entre 11 et 14 ans et sont dans la mauvaise passe, celle où le corps se transforme, ou les repères sont flous voire inexistants, les idées malmenées dans leur boîte à penser, ados en mal de vie, la vraie, celle des cœurs qu’on fait avec les mains pour se sentir exister.

Notre avis

Véritable documentaire, dramatique, drôle et ironique, le livre de Pauline Aubry se veut résolument pédagogique, avec des portraits touchants et respectueux de cette période entre-deux mondes.

L’ouvrage est sur le mode effet miroir … miroir, miroir, dis-moi comment devenir grand sans perdre l’enfant qui est en moi ?

L’auteur met en parallèle sa propre histoire avec la découverte de chaque histoire de ces ados évoluant dans le service psychiatrique de son amie Camille Benoit alias le « Docteur Fournier » – véritable héroïne (pas la drogue hein !) de la survie de ces petits moineaux trop tôt tombés du nid.

Redonner un sens à la vie par la parole et des activités, telle est la mission du corps médical mais quand la cavité à cogiter est pleine, quand les neurones surchauffent et s’entrechoquent, c’est l’électro-choc façon moderne : pilule mon amie, sérotonine, mélatonine, Jeanine … heu non elle c’est l’infirmière…

Le cerveau, ce malicieux, ce facétieux n’est pas si simple à gérer et un traitement peut parfois inverser complètement un tempérament. La France, champion du monde des antidépresseurs ? Ah bon …

Bonus de l’ouvrage : une petite visite en image de la salle de garde de l’hôpital et comme vous n’en verrez peut-être jamais …

En janvier lors du Festival International de la BD d’Angoulême, on a pu voir l’exposition (très réussie et merveilleusement documentée) Les Mutants et on espère vivement qu’elle sera visible dans d’autres villes prochainement.