Le 31 mars 2024
Au-delà de son intérêt documentaire, l’œuvre révèle la poignante humanité d’un cinéaste qui ne traite pas les agriculteurs comme des insectes dans un bocal, mais dissèque avec finesse leurs doutes, bonheurs, et colères.
- Réalisateur : Raymond Depardon
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Editeur vidéo : Arte Vidéo
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 29 octobre 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
Résumé : Raymond Depardon a suivi pendant dix ans des paysans de moyenne montagne. Il nous fait entrer dans leurs fermes avec un naturel extraordinaire. Ce film nous parle, avec une grande sérénité, de nos racines et du devenir des gens de la terre.
Critique : Raymond Depardon, sans doute notre plus grand documentariste, poursuit sa série Profils paysans débutée en 2001. Il retrouve ainsi les agriculteurs du village de Villaret, au cœur des Cévennes. Depuis Farrebique et Biquefarre de Georges Rouquier, il s’agit de l’unique expérience de suivi d’une communauté paysanne. Encore que le terme convienne de moins en moins pour l’associer à ces fermiers isolés, qui forment les derniers représentants d’un mode de vie désagrégé depuis l’industrialisation et l’urbanisation. Sur les plans sociologique et économique, le film permet d’apprécier les mutations techniques et humaines qui caractérisent le monde socioprofessionnel du secteur primaire : robotisation, paupérisation, désertification rurale. Les difficultés financières d’un couple de jeunes éleveurs, pourtant de bonne volonté, illustrent la crise de la rentabilité des petites productions agricoles. L’attachement de la terre pour deux frères octogénaires révèle la persistance d’un système des valeurs, en dépit du temps qui passe. Au-delà de ces vécus, l’œuvre révèle la poignante humanité d’un cinéaste qui ne traite pas les habitants comme des insectes dans un bocal mais dissèque avec finesse leurs doutes, bonheurs, et colères. Des plans-séquences sur ces témoignages sont autant de tranches de vie partagées avec le public : Depardon a plaisir à filmer une femme de la ville remariée à un célibataire paysan et confessant le conflit de générations avec les deux oncles. Si certains spectateurs ricanent face au côté taciturne d’un fils de famille, le cinéaste se garde bien de le ridiculiser. Sans doute la séquence la plus forte est-elle celle filmant le chagrin contenu d’un vieil homme ne pouvant plus accompagner son troupeau de moutons paître dans les hauteurs. Qu’il dépeigne le milieu judiciaire dans 10e chambre - Instants d’audience ou les paparazzi dans Reporters (1981), Depardon arrive à captiver par un savant dosage entre simplicité et profondeur de point de vue.
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Frédéric Mignard 21 avril 2009
Profils paysans : La vie moderne - Raymond Depardon - critique
Un documentaire du coeur magistral, marqué par des images souvent superbes. Nul doute qu’il servira de repère et de jalon dans l’Histoire de l’agriculture française, tellement mise à mal à notre époque.
Norman06 29 avril 2009
Profils paysans : La vie moderne - Raymond Depardon - critique
Raymond Depardon, sans doute notre plus grand documentariste, retrouve les agriculteurs du village de Villaret, au cœur des Cévennes. Depuis Georges Rouquier, il s’agit de l’unique expérience de suivi d’une communauté paysanne. Encore que le terme convienne de moins en moins pour l’associer à ces fermiers isolés, qui forment les derniers représentants d’un mode de vie désagrégé depuis l’industrialisation et l’urbanisation. Sur les plans sociologique et économique, le film permet d’apprécier les mutations techniques et humaines qui caractérisent le monde socioprofessionnel du secteur primaire : robotisation, paupérisation, désertification rurale. Au-delà de ces vécus, l’œuvre révèle la poignante humanité d’un cinéaste qui ne traite pas les habitants comme des insectes dans un bocal mais dissèque avec finesse leurs doutes, bonheurs, et colères. Des plans séquences sur ces témoignages sont autant de tranches de vie partagées avec le public. Si certains spectateurs ricanent face au côté taciturne d’un fils de famille, le cinéaste se garde bien de le ridiculiser. Sans doute la séquence la plus forte est-elle celle filmant le chagrin contenu d’un vieil homme ne pouvant plus accompagner son troupeau de moutons paitre dans les hauteurs. Depardon arrive ainsi à captiver par un savant dosage entre simplicité et profondeur de point de vue.