Le 30 avril 2018
12 Jours pose un regard d’une grande humanité sur dix patients d’un hôpital psychiatrique lyonnais. Le nouveau documentaire de Depardon sort en blu-ray ce mois-ci, dans une édition soignée.
- Réalisateur : Raymond Depardon
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Arte Editions
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 29 novembre 2017
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Sortie DVD et Blu-ray : le 18 avril 2018
Résumé : Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience, d’un côté un juge, de l’autre un patient, entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et de la vie.
Le film : Toujours très attaché à l’humain dans son regard sur les institutions françaises, Depardon ne surprend guère par son dispositif alloué à son dernier film, 12 Jours, comme les 12 jours qu’il a passés dans un hôpital psychiatrique à Lyon et surtout comme les 12 jours qui séparent la date d’admission forcée d’un patient à l’entrevue avec le juge qui doit valider ou non le programme de soins dudit patient. Cette mesure récente, issue d’une loi de 2013, constitue le point de départ du projet de Raymond Depardon, mais certainement pas sa finalité. Au final, des dix entretiens proposés au spectateur, tous ne gravitent pas autour de personnes récemment admises à l’hôpital psychiatrique, ce qui permet au film de proposer une grande diversité dans ses portraits. En s’intéressant à ces êtres humains, Depardon met en évidence la difficulté de communication entre le système médical, les patients et le système judiciaire. Les jurés présents sont souvent paumés et 12 Jours montre sans jugement les maladresses dont font preuve les différents représentants du tribunal. Car il serait mal placé de juger les réactions de ces personnes face à des interventions déconcertantes et parfois bouleversantes ; et bien évidemment le réalisateur, fidèle à lui-même, appose un regard plein de délicatesse et de neutralité sur ces face-à-face.
- Copyright : Palmeraie et désert
Son dispositif, marqué par la fixité bien connue de Depardon, se met au profit de son sujet, l’humain, afin d’y mettre en exergue les émotions et la souffrance qui se lisent sur le visage des patients. 12 Jours laisse ses sujets s’exprimer si bien que tout le film repose sur les différents acteurs de ces quelques entretiens. Le choix de Depardon de s’effacer totalement profite une nouvelle fois à son œuvre, qui brille par son authenticité et sa justesse tout en s’éloignant des stéréotypes attachés à ce genre d’établissements médicaux. Par sa mise en scène, certes discrète mais loin d’être inexistante, 12 Jours installe un cadre marqué par la solitude et l’enfermement, d’abord intérieur, au sein des couloirs, puis extérieur, lorsque la mise en scène passe au parc, délimité par de longues grilles ornées de barbelés. Mais surtout, il installe cet isolement lors de ces entretiens, qui composent très majoritairement le film, en filmant les patients en plan rapproché, dans une focale tirant vers la longue, toujours isolés du juge chargé du dossier, celui (ou celle) qui détient entre ses mains le futur du malade. Un documentaire qui ne force pas la symbolique au détriment de son sujet, mais qui va au contraire s’adapter pour saisir toutes les nuances et les richesses de ce qu’il filme afin de construire dans le plus grand des respects un propos fin. Un grand Depardon.
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Le blu-ray :
Les suppléments :
On s’en doute au vu du film et des volontés de Depardon qu’il ne faut pas compter sur un making-of pour nous apporter des informations sur le tournage. En revanche, l’édition d’Arte nous gratifie d’un entretien de 17 minutes avec Raymond Depardon et l’ingénieure du son et productrice Claudine Nougaret, très intéressant parce qu’il explique vraiment l’approche des deux concernant leur sujet. C’est tout, mais c’est déjà bien.
L’image :
Puisqu’il s’agit quasiment d’un huis clos, la galette blu-ray ne peut pas complètement exprimer son potentiel. Cela dit, il faut reconnaître au transfert un beau piqué avec une esthétique argentique très appréciable, et en phase avec l’atmosphère du film.
Le son :
Dialogues et musique constituent ce film documentaire. L’ensemble est clair, parfaitement audible, et les partitions d’Alexandre Desplat s’incorporent avec délicatesse dans les séquences intermédiaires aux entretiens. Solide.
Galerie Photos
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