Deux mères à la mer
Le 1er avril 2021
Anne Fontaine signe avec Perfect Mothers un récit épuré sur la déliquescence progressive d’un microcosme en apparence idyllique au profit de l’amour passionnel. Fascinant.
- Réalisateur : Anne Fontaine
- Acteurs : Naomi Watts, Robin Wright (Robin Wright Penn), Xavier Samuel, Ben Mendelsohn, James Frecheville
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Australien
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Date télé : 1er avril 2021 21:05
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 3 avril 2013
Critique : Anne Fontaine, cinéaste française obsédée par l’émanation toxique et paradoxalement addictive des rapports humains, de ce qui relève de l’indicible, inspirée, sans omettre ses maître penseurs, par la perversité d’un Ingmar Bergman ou le naturalisme d’un André Téchiné, a entrepris en 2013 de transporter sa caméra en Australie pour filmer, comme dit précédemment, un moment suspendu dans le temps où peuvent s’abandonner corps et âmes les esprits tourmentés.
- Copyright Gaumont
C’est littéralement le point de départ de son premier film anglo-saxon intitulé Perfect Mothers ou, dans son titre original, Adore, qui a une lettre près serait identique au non moins sensuel Amore de Luca Guadagnino. Adapté de la nouvelle Les Grands-mères de Doris Lessing, Perfect Mothers demeure un de ces long-métrages qui nous laisse un souvenir élusif, comme une liqueur douce-amère dont la saveur aurait altéré peu à peu notre appréciation gustative, et c’est bien dans cet aspect que le treizième film d’Anne Fontaine conquiert le spectateur à tous les niveaux. Menée par une distribution prestigieuse, Naomi Watts et Robin Wright en tête, toutes les deux dotées d’un magnétisme formel, cette histoire a priori improbable d’une romance à quatre inter-parentale s’avère tout sauf manichéenne, tant le travail d’écriture accordé aux personnages semble équivoque.
- Copyright Gaumont
Anne Fontaine, en collaboration avec le scénariste Christopher Hampton, a réussi à insuffler, avec une dextérité cinématographique exceptionnelle, une dimension humaine, pudique, sincère, authentique, privilégier l’intime au caractère malsain que convoquent ces relations ambiguës. Le tout est soutenu par une réalisation tout en sobriété qui épouse à merveille les traits délicats de ces femmes au charme suranné. Le cadre a également matière à dépayser : entre ces plages vierges et ses vagues impétueuses, Anne Fontaine utilise avec majesté ces éléments naturels pour retranscrire les torrents émotionnels de ses protagonistes, comme le faisait un certain Alfred Hitchcock dans Rebecca où Sir Laurence Olivier contemplait une mer déchaînée avec une mélancolie lancinante.
Ainsi, ce microsome pseudo-romanesque est indubitablement voué à se fracturer au gré des courants de la vie, avec ses joies et ses peines, pour terminer ce moment d’égarement fatal sur un dernier plan très évocateur, simulacre du bien-être commun, où l’égoïsme des uns peut à jamais détruire l’existence des autres. Ces mères ont failli à combattre leurs démons et sont devenues, indépendamment de leur volonté, des sirènes échouées, heureuses de posséder leurs jouvenceaux. Le choix de la condamnation est finalement la meilleure issue possible à cette chronique sentimentale que n’aurait pas reniée René Clément, dont le Plein Soleil, dans un tout autre registre, et vous donnera sûrement quelques insolations.
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roger w 17 avril 2013
Perfect Mothers - Anne Fontaine - critique
Pur film de femmes, Perfect Mothers a le grand mérite de ne jamais aller là où on l’attend. On apprécie sa grande sensualité, ainsi que ses images lumineuses, prouvant les talents visuels d’Anne Fontaine. On reste davantage partagés quant à l’aspect un peu courrier du coeur de l’intrigue. Un bon moment, un peu longuet parfois.
birulune 27 juin 2017
Perfect Mothers - Anne Fontaine - critique
Il a le mérite de donner ce qu’on a envie de voir sans l’admettre, ce fichu film ! Qu’on s’identifie aux apollons ou aux milfs ( désir ascendant ou descendant) tout est si rassurant et doux presque sirupeux:on sait plus de quoi on parle et nous au milieu de tout ça, pauvre spectateur, on en vient à ne plus savoir qui parle a qui ( une mère a son fils ou une amante a son jeune poulain) et on se demande ce qui s’y passe réellement dans ce film terrible...
L’expression" tu pourrais être mon fils ôtes ta main de ma cuisse" s’annule bizarrement grâce au chassé croisé symétrique où chacun a ce qu’il veut et l’amoralité de la situation disparaît comme dans un miroir magique.
Après c’est du BrokeBack Mountain mais en hétéro et l’oedipe en plus
A ceci près que l’amour interdit l’est moins.
Chaque couple vit son histoire au travers de celle de l’autre pour éviter de se confronter à la réalité ( c’est une histoire d’amour impossible, ça marchera jamais, etc).
Au final chacun est rattrapé par ses propres démons mais toujours au travers de l’autre (pff)
La fin laisse sur une ouverture apaisante comme dans Les Lois de l’attraction:on peut refaire l’histoire mais en a t-on réellement envie ?
Alors du coup on sait vraiment plus ce qu’il faut penser !