Le 4 janvier 2018


- Scénariste : Leila Slimani >
- Dessinateur : Laetitia Coryn
- Genre : Chronique sociale
- Editeur : Les Arènes
- Date de sortie : 6 septembre 2017
Se marier ou affronter le regard de la société…
Être vierge avant le mariage ou rester seule toute sa vie…
Se refaire coudre l’hymen ou se faire traiter de p…. par son mari…
Voici les choix qu’ont à ce jour de nombreuses femmes de la société marocaine.
Entre grande hypocrisie, misogynie, chantage et soumission, Leïla Slimanie et Laetitia Coryn brossent, avec réussite, un portrait du « sexe dit faible » au Maroc.
Quand on est issu d’un pays libre d’esprit comme la France, on est un peu réticent à lire ce type d’ouvrage … par sensibilité beaucoup, par lâcheté un peu … et lassitude aussi …
L’histoire est toujours la même depuis la nuit des temps, et tout ce que cela engendre de déconvenues pour la gent féminine.
SAUF QUE pour cet ouvrage - même si certains passages sont un peu difficiles (et bien moins que certaines pages du magnifique Culottés 2 de Pénélope Bagieu, on apprécie l’étude sérieuse que Leïla Slimanie a menée auprès de ses lectrices, une véritable enquête de terrain sociétale à l’instar de King Kong Théorie de Virginie Despentes, et une analyse pertinente de ce que vivent ces femmes de tous âges dans une Afrique du Nord européanisée mais toujours aussi croyante et qui n’a que la Hchouma à la bouche (Terme qui signifie La honte) .
Mariées de force, violées, soumises à une éducation archaïque, esclaves de leurs familles, victimes d’attouchements, c’est le parcours du combattant pour elles dans un pays dit plutôt « ouvert ».
Quand les maris boivent les épouses trinquent…
L’ancien code de la famille retirait la garde de leurs enfants aux épousent qui divorceraient, mais aujourd’hui, l’homosexualité, l’avortement ou l’adultère sont toujours lourdement condamnables... sauf que beaucoup de personnes les pratiquent ...
Le problème ne vient pas des parents mais d’une « éducation » globale soumise à un Coran vétuste (mal) interprété par le législateur.
Personne ne veut perdre la face, alors les parents de filles violées les marient à leurs tortionnaires et les filles bafouées se soumettent à des traitements inhumains sous la pression familiale.
Le constat est dépitant, c’est le serpent qui se mord la queue…
Non Monsieur Nietzche le bonheur n’est pas une femme … il n’est pas non plus le fait des hommes !
Les auteures leur allouent d’ailleurs également un espace pour témoigner eux aussi de leur peur et frustration à vivre pleinement leur amour avec leur conjointe avant mariage…
Il est loin le temps d’un orientalisme libéré ou les relations sexuelles étaient source d’épanouissement et même recommandées.
Ces hommes et ces femmes qui ont permis ce livre sont l’espoir du Maroc, conquérants d’un nouveau territoire : leur propre corps et leur esprit… leur liberté.
C’est donc sur ces notes que se termine Paroles d’honneur avec une nécessaire et intelligente biographie des grandes figures apparaissant dans ce magnifique recueil.
106 pages - 20 €