Le 1er janvier 2023
Une comédie bon enfant, où le Splendid laisse aux vestiaires son humour acide, pour lorgner vers le mythique film de Gérard Oury, La grande vadrouille.


- Réalisateur : Jean-Marie Poiré
- Acteurs : Bernard Giraudeau, Roland Giraud, Jean-Claude Brialy, Jacques Villeret, Thierry Lhermitte, Jean Yanne, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Christian Clavier, Michel Blanc, Michel Galabru, Dominique Lavanant, Bruno Moynot, Jacqueline Maillan, Roger Carel, Jean Carmet, Martin Lamotte, Julien Guiomar, Jacques François, Jean-Paul Muel, Pauline Lafont, Olivier Hémon
- Genre : Comédie, Film culte
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h46mn
- Date télé : 27 novembre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Box-office : 4.103.933 entrées France / 547.023 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 26 octobre 1983

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Résumé : En 1943, les Bourdelle se voient eux aussi envahis par les Allemands, et se retrouvent logés à la cave. Le fils, Guy Hubert, dissimulé derrière les traits d’un coiffeur homosexuel, est en fait Super-Résistant, sorte de Zorro du moment, et qui complote contre les nazis.
Critique : Le père Noël est une ordure en 1982 avait été un sommet artistique, mais certainement pas une consécration commerciale. Une année plus tard, financé par Christian Fechner, Papy fait de la résistance jouit d’un budget beaucoup plus conséquent, pour marcher sur les traces d’un film mythique : La grande vadrouille. Est-ce la comparaison qui a inhibé l’humour habituellement débridé de la troupe du Splendid ? En tout cas, l’ensemble laisse à la bouche un net goût d’inachevé. Car la joyeuse bande dilue ses gags habituellement acides dans l’eau douce d’une comédie bien plus œcuménique, qui lorgne effectivement sur le cinéma de Gérard Oury, ce qui est tout de même un comble, quand on sait que les comédiens avaient fichu un sacré coup de fouet à l’humour hexagonal. Si l’on excepte le personnage de Gérard Jugnot, absolument magistral dans le rôle d’un collaborateur abject et vociférant, les autres rôles paraissent bien sages et surtout, on a l’impression que le défilé -parfois clin d’œil- d’un grand nombre de stars du cinéma, détourne trop souvent l’attention du spectateur. Alors oui, on est content de voir Bernard Giraudeau une quinzaine de secondes. Mais quel intérêt pour l’histoire ? Du coup, on se ramollit devant son écran et pire on s’attendrit, ce qui n’est pas bon signe, surtout lorsque le passage de témoin entre l’ancienne génération (Maillan, Galabru, Carmet) et les nouveaux fleurons de l’humour français (Clavier, Lhermitte, Jugnot) constitue le principal intérêt du long métrage. On sait que Louis de Funès avait accepté le rôle de papy, avant qu’on ne lui confie le personnage du demi-frère d’Hitler. Peut-être que l’association avec le Splendid aurait accouché d’une souris. On ne saura jamais.
Pourtant, des moments drôles, il y en a : ils doivent beaucoup à Roland Giraud, qui compose un militaire allemand plutôt iconoclaste, nanti de son fidèle chat, et surtout à Jacques Villeret, dont on regrette l’apparition tardive, tant sa présence, assortie d’une démarche et d’un accent grotesque, relève de la véritable performance d’acteur (c’est lui qui remplace Louis de Funès et on ne le regrette pas). Son interprétation du célèbre tube de Julio Iglesias, Je n’ai pas changé, avec des inflexions de voix qui rappellent Yves Montand, fait partie de ces décrochages dont le film est trop peu friand, même lorsqu’il s’agit de suivre les aventures de Super Résistant, habillé comme Fantômas, prototype de la fausse bonne idée, qui ne méritait qu’une scène.
C’était tout de même l’époque où Jean-Marie Poiré ne débitait pas ses gags à la mitraillette, en enchaînant soixante plans par minute, où Clavier était encore à peu près supportable. Mais par rapport au survitaminé Père Noël, Papy ne soutient globalement pas la comparaison, surtout qu’il se termine par une parodie notoirement médiocre des Dossiers de l’écran. Ce manque d’inspiration n’empêcha pas le film de cartonner au box-office, en attirant plus de quatre millions de spectateurs.