Le 10 avril 2022
Le triomphe comique des années 90 fit de Christian Clavier le numéro un du box-office et l’enferma pendant quelques années dans un registre gesticulant. Si le comédien vampirise le film, Valérie Lemercier lui résiste très honorablement. Grâce à elle, le divertissement est supportable.
- Réalisateur : Jean-Marie Poiré
- Acteurs : Jean Reno, Christian Clavier, Valérie Lemercier, Marie-Anne Chazel, Didier Bénureau, Dominique Hulin
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Buena Vista International
- Durée : 1h45min
- Date télé : 10 janvier 2024 21:25
- Chaîne : TMC
- Date de sortie : 27 janvier 1993
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Résumé : Comment en l’an de grace 1112 le comte de Montmirail et son fidele ecuyer, Jacquouille la Fripouille, vont se retrouver propulses en l’an 1992 apres avoir bu une potion magique fabriquee par l’enchanteur Eusaebius leur permettant de se defaire d’un terrible sort..
Critique : Le renouveau commercial (on n’a pas dit artistique !) de la comédie à la française avait été précédé du franc succès remporté par le quatuor Poiré-Clavier-Reno-Lemercier, avec L’Opération Corned-Beef (plus d’un million quatre cent mille entrées en 1991). Sur les conseils d’Alain Terzian, le producteur de la comédie, le trio d’acteurs rempile pour un divertissement qui capitalisera sur la rencontre incongrue de deux époques : les années 90 et le Moyen Âge. La gaudriole anachronique à la française, le public avait déjà donné et n’en gardait pas forcément un bon souvenir : quelques années auparavant, Jean Yanne s’était globalement planté avec Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ et on ne parle même pas de Liberté, égalité, choucroute, sorti en 1985.
Bref, quand le film arrive sur les écrans en 1993, rien ne garantit que la mayonnaise prendra : et pourtant, Les Visiteurs sera un triomphe, attirant près de 14 millions de spectateurs.
A quoi tient un succès finalement ? A des recettes toujours efficaces, avant tout l’éternel duo de l’auguste (Jacquouille) et du clown blanc (Godefroy de Montmirail) : au premier les grimaces, les grossièretés, la gestuelle outrancière, au second le port altier que suppose sa noblesse, la langue d’oïl savamment figée en quelques formules, issues d’un temps inscrit dans quelques images d’Épinal, tout droit sorties de nos vieux manuels d’histoire. "Nos ancêtres, les Gaulois" devient ici "nos ancêtres, les médiévaux", tels qu’on se les représente selon une dualité bien apprise (vassaux et suzerains) que vient bouleverser la translation des deux drôles dans une ère plus moderne.
Une fois que les deux créatures ont quitté leur période de référence par un trou de ver improbable, le film se contente d’accumuler les situations incongrues où sans cesse les us et coutumes des sociétés médiévales viennent contaminer le monde présent : dans une scène devenue culte, un postier noir est pris pour un Sarrazin et sa voiture à un moyen de transport diabolique ; dans une autre, des parfums dispendieux sont utilisés comme des savons liquides. Les objets du quotidien sont renommés d’une manière pittoresque (la télévision devient "la boîte à troubadours"), mais en d’autres occasions, la contemporanéité distille sa douce influence sur le lexique, avec une perméabilité beaucoup plus grande chez Jacquouille que chez son maître (le célèbre "okay" fera fureur dans les cours d’école).
Pour éviter une forme de monotonie, le scénario imagine une astucieuse généalogie entre le friqué Jacquard et son trivial descendant, mais ouvre aussi la boîte de Pandore, puisqu’il permet à Christian Clavier de cabotiner dans un registre vociférant qui lui collera désormais à la peau pendant plusieurs années et qu’il recyclera au gré de prestations comiques de plus en plus stéréotypées. Notons qu’avec un sens de la dérision très affûté, Valérie Lemercier sauve quelques scènes de l’indigence absolue : son personnage de snobinarde coincée et généreuse lui vaudra le César de la meilleure actrice dans un second rôle.
Le film ayant généré beaucoup d’argent, un deuxième opus fut évidemment programmé, qui sortit cinq ans plus tard, suscita moins de rires, mais toujours autant de placement de produits.
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