Le 24 mai 2020
Le meilleur film de Poiré, si l’on en croit certains. Plutôt une relecture beauf de l’esprit mai 68, qui ne génère que des clichés. Ni drôle, ni tendre.


- Réalisateur : Jean-Marie Poiré
- Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Jean-Pierre Bacri, Christian Clavier, Louise Portal, Gérard Lanvin, Elisabeth Margoni, Marie-Anne Chazel, Jacques François, Didier Pain, Didier Kaminka, Philippe Khorsand, Marie-Thérèse Orain
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h50mn
- Date télé : 8 mai 2024 22:25
- Chaîne : OCS Géants
- Date de sortie : 1er janvier 1989
Résumé : Quelques amis de jeunesse approchant de la quarantaine se retrouvent à l’occasion de la venue à Paris d’une rock star québécoise, Bernadette Legranbois, qu’ils ont connu durant leur jeunesse. C’est l’occasion pour Jean-Michel, Richard, Guido, Antoine et Dany de régler quelques vieux comptes et de faire un bilan mi-doux, mi-amer de ce qui reste de leurs rêves d’adolescents.
Critique : Présentée par certains critiques comme le zénith artistique de son réalisateur, boudée à sa sortie par les spectateurs (moins de 400.000 entrées), cette pantalonnade vaguement autobiographique se situe au niveau des caricatures qu’elle propose : situations et personnages, tout est lourd, ennuyeux, d’une convention désespérante, adossé à une relecture beauf de l’esprit 68. Les retrouvailles avec une ancienne copine, devenue star de la chanson, provoquent des séquences sous forme d’analepses, parfois dans un noir et blanc factice, presque un contresens, tant ces années furent colorées, même bariolées.
Les hippies que furent quatre copains sont folklorisés à la hauteur de clichés lamentables qui singent grossièrement la contre-culture en happenings grotesques (la moutarde dans un casque d’ouvrier), son lot de rêves envolés dans la fumée des joints, avec bandanas et catalepsies momentanées (quelle originalité). En guise de satire, on a le droit au baisodrome communautaire dans un décor d’agrément où l’on a punaisé un poster du Che. Ne manquent plus que les lunettes rondes à la Lennon et le combi VW... Rassurons-nous, ils y sont. Tout l’emballage y est, mais rien à l’intérieur.
En fait, on se croirait dans le film de Lautner, Quelques messieurs trop tranquilles où les jeunes contestataires étaient évidemment peints à gros traits. D’ailleurs, en 1972, le long métrage était co-scénarisé par un certain Jean-Marie Poiré. Preuve que même dans cette décennie, le futur metteur en scène des Visiteurs n’avait vraiment rien compris.
La paresse scénaristique vient à bout des intentions qui se veulent bienveillantes : en somme, les personnages, saisis dans le présent de leurs illusions trahies (l’un est devenu publicitaire, l’autre un metteur en scène autoritaire), demeurent de sympathiques gugusses. Seul Dany, éternel baba cool, la voix figée dans une élocution lente, le sourire chevillé à ses vieux souvenirs qui en fait une sorte d’illuminé, semble le digne mémorialiste de son époque. Ce cousin du "Ouin-Ouin" d’Antoine de Caunes est évidemment caricaturé en naïf débile. Tel un symbole.
Mais bon, on se demande bien quelle consistance a été fendue par l’outrage des années, puisque nos hommes n’ont été et ne demeurent que des fantoches, grossièrement déguisés du temps de leur jeunesse folle, psalmodiant, lorsqu’ils y croyaient, des slogans mécaniques, sans jamais produire une seule pensée. Et puis, le simple fait d’imaginer Bacri en apôtre illuminé de la contre-culture est une opération qui relève du torticolis intellectuel.
Le contrepoint à cette évocation, qui sent plus l’humeur réac que la nostalgie bienveillante, est la contemporanéité d’une maison bourgeoise, où Poiré donne à la médiocrité du plus mauvais vaudeville une artificielle convivialité qu’on retrouve dans des longs-métrages comme Les Marmottes ou Le Cœur des hommes, ces naufrages du septième art.
A la fin du repas où chacun(e) aura fait le bilan des années écoulées, tout se résorbe dans une formule : "Attention, karma et Karl Marx ne pas confondre". Preuve que sur 68 et les années qui suivirent, Poiré n’a vraiment rien à dire.
jonas0_13 6 octobre 2021
Mes meilleurs copains - Jean-Marie-Poiré - critique
Ce n’est peut-être pas un chef d’oeuvre, mais de là à l’assassiner comme le fait la critique ci-dessus, il y a un gouffre. Sans doute l’auteur est-il un grand nostalgique de mai 68, mais les reproches qu’il fait au film sont tellement excessifs qu’ils en deviennent dérisoires. L’esprit mai 68 a-t-il vraiment besoin d’être caricaturé ? N’est-il pas lui-même une caricature ? La scène du happening devant les ouvriers est criante de vérité : il faut n’avoir jamais vu ce genre de représentation aussi creuse que prétentieuse pour écrire que c’est un cliché lamentable. Lamentable oui, mais cliché non !
Bref une très bonne comédie qui a fort bien vieilli.