Les Visiteurs 2 : les couloirs du temps - Jean-Marie-Poiré - critique

Critique : On avait laissé Jacquart en très mauvaise posture, dans la fange médiévale, sous les lazzis de quelques béotiens goguenards. Cinq ans après le triomphe des Visiteurs (quasiment 14 millions de spectateurs), le trio Poiré-Reno-Clavier rempile pour un second opus attendu. La seule défection vient de Valérie Lemercier qui ne sentait pas l’histoire et justifia fort bien la défiance que lui inspirait une suite. Comme on la comprend...
Construit sur un mince scénario où il s’agit à la fois de renvoyer chacun à sa bonne époque et de retrouver une relique disparue ("La Dentelette de Sainte-Rolande"), Les couloirs du temps est vampirisé par Christian Clavier qui annexe volontairement chaque scène, chaque situation, pour vociférer, cracher, exhiber ses chicots, tandis que d’autres acteurs croient frayer un chemin, en se mettant au diapason de la cacophonie.
Rien ne nous est épargné : Jacquouille sonnant l’olifant comme un dératé, Jacquouille s’emparant d’une estafette qu’il mène dans le décor, Jacquouille hurlant "okay" dans un supermarché, Jacquouille détruisant une nouvelle fois "une boîte à troubadours" où s’esbaudit un boys band (c’était l’époque)... L’angoisse du temps mort dissout la comédie dans un vacarme infernal et l’on peut, comme dans Les anges gardiens que commit le duo Poiré-Clavier trois ans auparavant, compter la durée des plans pour mesure l’étendue du délire hystériforme. Du coup, Reno est transparent comme un fantôme et Robin ne sait plus où se mettre, la pauvre, qui singe Lemercier. On souffre pour elle. En revanche, la vulgarité intrinsèque du personnage de Ginette Sarclay la rend poisson soluble dans des eaux bourbeuses. Marie-Anne Chazel plonge dans l’auge avec son partenaire de jeu.
A la fin, les deux héros s’égarent à nouveau dans une époque qui n’est pas la leur : la Révolution française. L’épilogue augure une nouvelle suite. Elle adviendra des années plus tard. Pourquoi se gêner, puisque Les Visiteurs 2 rassembla plus de huit millions de spectateurs ?