La comédie humaine
Le 19 août 2010
Dénonciation, sourire aux lèvres, des indignités de la guerre.


- Réalisateur : Jean Becker
- Acteurs : Benoît Magimel, Suzanne Flon, André Dussollier, Jacques Villeret, Thierry Lhermitte, Michel Cordes
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 21 juin 2016 20:55
- Chaîne : NRJ 12
- Date de sortie : 26 mars 2003

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Jean Becker reprend le flambeau des Grande vadrouille, Grande illusion et autres mascarades efficaces pour dénoncer, sourire aux lèvres, les indignités de la guerre. Et planter un brin d’humanité dans ces Effroyables jardins.
L’argument : La résistance est ailleurs. Elle n’est pas du moins dans l’acte de sabotage aussi inutile que meurtrier commis par l’instit et le châtelain. Les deux amis, André et Jacques, se découvrent résistants de la dernière heure, moins par patriotisme que pour épater Louise et endormir un peu leur mauvaise conscience. Mais ça tourne mal. Pour que les saboteurs se dénoncent, les Allemands font quatre otages parmi les villageois. Ironie du sort, Jacques (Jacques Villeret) et André (André Dussollier) en font partie. Avec leur deux autres compagnons d’infortune (Thierry Lhermitte et Benoît Magimel), ils sont jetés dans une fosse en attendant d’être fusillés...
Notre avis : Le trou : image frappante et raccourci efficace d’une situation sans issue. Un trou infertile où rien ne pousse. Pourtant, quelque chose va naître. Le "jardinier" se présente sous les traits d’un soldat allemand, merveilleux et désopilant dans un numéro à la Charlie Chaplin dans Le dictateur. Sur le chemin de la dérision, le réalisateur n’abandonne pas l’émotion. Car la scène la plus drôle - et de loin la plus réussie du film - se trouve être, a posteriori, la plus émouvante. Tout le film semble d’ailleurs construit ainsi. Les premières séquences d’Effroyables jardins montrent Jacques, bien après la guerre, faisant le clown tous les dimanches, au grand dam de son fils qui ne comprend pas pourquoi son père se ridiculise. André va lui raconter l’histoire de leur expérience de la résistance. A la lumière de ce retour sur le passé, les clowneries de Jacques se chargeront de sens et d’émotion.
Le récit proprement dit est donc contenu dans cette large parenthèse du flash-back. On sait d’emblée qu’André et Jacques sont sortis vivants de l’histoire. En revanche, on ignore s’ils en sont sortis "indemnes". C’est sur ce ressort que fonctionne parfaitement le procédé du retour en arrière : on a peur pour eux. En partie à tort, car c’est pour l’ennemi, pour l’autre, qu’il fallait trembler. Ils doivent leur salut à la mansuétude du soldat allemand philosophe Bernt (Bernie Collins, impeccable). Joli retournement de situation. Le scénario, librement adapté du très court mais très efficace roman de Michel Quint, a fort habilement doté l’histoire d’un second personnage héroïque, là aussi inattendu, interprété par Suzanne Flon. Sans forfanterie, Jean Becker renouvelle le genre avec sensibilité et avec un solide sens de l’humour - celui qui fait supporter l’insupportable.