A gogo à l’hosto !
Le 17 décembre 2023
Ce film du réalisateur de L’été meurtrier est surtout, au delà de sa capacité à susciter le capital sympathie, profondément humain.
- Réalisateur : Jean Becker
- Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Gérard Lanvin, Claudia Tagbo, Isabelle Candelier, Fred Testot, Louis-Do de Lencquesaing, Maurane, Philippe Rebbot, Swann Arlaud
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h21mn
- Date télé : 18 décembre 2023 21:10
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 17 septembre 2014
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Résumé : Suite à un accident, Pierre, la soixantaine, se retrouve cloué au lit avec une jambe dans le plâtre. Misanthrope au caractère bien trempé rêvant de silence et de solitude, il voit le monde s’inviter désormais à son chevet. Il assiste alors impuissant à la valse quotidienne des médecins, infirmières et personnels hospitalier, puis de ses proches dont son frère Hervé. Au fil de rencontres inattendues, drôles ou touchantes, Pierre reconsidère certains a priori et pose sur les autres un regard différent. Et, contre toute attente, ce séjour à l’hôpital finit par ressembler à une renaissance…
Critique : C’est la seconde fois que Jean Becker adapte au cinéma la romancière Marie-Sabine Roger. Après La tête en friche, fable humaniste et tendre portée par notre Gégé « national », le réalisateur pose sa caméra du côté du monde hospitalier pour une comédie simple et sans prétention qui s’en sort cependant avec les honneurs grâce à de jolis dialogues et à sa galerie d’interprètes attachants. Un divertissement estival qui tombe à pic.
À première vue, Bon rétablissement ! s’inscrit dans cette mouvance nouvelle de la comédie française consistant à faire du milieu hospitalier un terrain de jeu privilégié pour des personnages au tempérament excessif et des problématiques qui lui sont intrinsèquement liées tel un nouveau labo d’expérimentation du rire. Plus proche d’Hippocrate, la comédie douce-amère avec l’incontournable Vincent Lacoste que du nanardesque Supercondriaque, Becker abandonne cependant bien vite son amorce de critique du monde hospitalier, se cantonnant à quelques lieux communs sur la froideur et la pédanterie des médecins « mandarins », la rigidité de certaines infirmières et le manque de circulation des informations. On ne le sait que trop bien, le malade est toujours le dernier informé ! La seule chose intéressant vraiment le cinéaste, c’est l’humain qui se cache sous l’homme ou la femme. D’abord vécu comme oppressant et morose, l’hôpital se transforme, au fil des rencontres et de l’évolution du héros, en un véritable théâtre ouvert sur la gaieté du monde. Becker poursuit son œuvre de toujours (on pense bien sûr à la beauté de cœur des Enfants du marais ou d’Effroyables jardins) avec une sorte d’insouciance bonne enfant qui nous donnerait presque envie de nous casser la jambe et de passer un petit séjour « éducatif » aux côtés de Gérard Lanvin. Rien de nouveau sous le soleil, certes, mais une belle progression dans la narration et une épure bienvenue.Peu de fioritures, Becker ne distribue pas son sentimentalisme à la louche mais cherche à nous irradier par des idées simples et un message d’intégration pas racoleur pour un sou. Et même si le film manque de niaque (les quelques apparitions de Darroussin sont salvatrices) et s’étire parfois un peu mollement, pris en défaut par son manque de suspense, on se prend d’amitié pour tous ces gogos en friche d’eux-mêmes qui semblent se réaliser sous nos yeux au contact des autres. En jachère depuis trop longtemps, Pierre (Piaire pour la gamine boulote et insolente qui le visite en lorgnant ostensiblement sur son PC) s’épanouit et retrouve goût à la vie après une épreuve traumatisante que l’on découvre par petites touches au fur et à mesure que progresse la guérison du « malade ». Si les flash-back sont plutôt bien amenés et leur intégration parfaitement justifiable, ceux-ci ont tendance à nuire au rythme général et semblent meubler des espaces vacants qui auraient pu servir à développer davantage certaines situations. Du coup, on reste un peu sur notre faim et on peut déplorer une certaine superficialité dans les rapports humains, les protagonistes n’étant caractérisés qu’en fonction de leur rapport au héros, semblant n’exister que pour lui. N’en reste pas moins cette joie de vivre, cette bonne humeur communicative et quelques clins d’œil au niveau du choix des seconds rôles, dont le recours à l’humoriste Claudia Tagbo, très convaincante dans son rôle d’infirmière mi-sévère mi-rigolote, et la participation de Daniel Guichard (l’interprète du tube « Mon vieux », si si !) qui s’offrent à la caméra avec un naturel confondant. Un film parfois malhabile mais incroyablement généreux porté par un Lanvin certes statique mais décidément habité par ce petit truc en plus qui est l’apanage des grands. Un bon remède contre la déprime et l’angoisse d’être seul. Comme le disait les trois mousquetaires, dont Becker semble ici le digne héritier : « Un pour tous et tous pour un ! »
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