Le 3 mars 2024
Une comédie sympathique et agréable. Mais du tandem Bedos-Dujardin, on attendait davantage de verve et d’irrévérence.
- Réalisateur : Nicolas Bedos
- Acteurs : Wladimir Yordanoff, Jean Dujardin, Gilles Cohen, Natacha Lindinger, Pierre Niney, Fatou N’Diaye, Habib Dembélé, Benjamin Tranié
- Genre : Comédie, Espionnage, Aventure
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 10 mars 2024 23:20
- Chaîne : W9
- Date de sortie : 4 août 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : 1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001.
Critique : Nicolas Bedos succède à Michel Hazanavicius qui avait signé les volets antérieurs de la nouvelle franchise OSS 117, à savoir OSS 117, Le Caire, nid d’espions (2006) et OSS 117 : Rio ne répond plus (2009). Jean-François Halin, qui en était le scénariste, a également écrit OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire. Le reste de l’équipe artistique et technique a été presque entièrement renouvelé. Ainsi, la compositrice Anne-Sophie Versnaeyen, collaboratrice habituelle de Bedos, a pris le relais de Ludovic Bource. Les deux premiers épisodes étaient un pastiche d’une série de longs métrages nanardesques réalisés dans les années 60, eux-mêmes parodiant la franchise James Bond. Or, la série des 007 se voulait décalée par rapport à des classiques du cinéma d’espionnage comme La mort aux trousses de Hitchcock. Puisque le présent film de Bedos ironise davantage sur Hubert Bonisseur de La Bath, le spectateur se trouve face à un produit dont le nombre de degrés pour être apprécié est vertigineux : nous sommes désormais dans le domaine de la parodie de parodie de parodie d’une parodie du genre… On est partagé face à cette comédie d’espionnage sympathique et agréable, mais somme toute anodine, et dont on attendait davantage de verve et d’irrévérence.
- Christophe Brachet © MANDARIN PRODUCTION - GAUMONT - M6 FILMS - SCOPE PICTURES
Le métrage commence pourtant sur des chapeaux de roues, avec une savoureuse évasion d’une prison soviétique, et l’évocation de la période de fin de règne de Valéry Giscard d’Estaing, peu de temps avant l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Profondément réactionnaire, Hubert craint l’arrivée des chars russes sur les Champs-Élysées, et la fuite des capitaux français en Suisse. Des fantasmes politiques que d’aucuns véhiculaient à l’époque, et qui sont également partagés par le supérieur hiérarchique d’OSS, incarné par le regretté Wladimir Yordanoff. S’ensuit pour de La Bath une mission africaine, afin de retrouver la trace d’OSS 1001 (Pierre Niney), un blanc-bec auquel l’espion va être associé. Le reste de la narration arrache quelques sourires, grâce à des réparties plutôt drôles, et l’on suit sans déplaisir un récit fantaisiste sans une once de vulgarité ou d’effet facile. On soulignera aussi la qualité de l’interprétation, avec une mention pour les actrices Fatou N’Diaye et Natacha Lindinger, qui se tirent avec honneur de rôles convenus. On est cependant loin du caractère tonique des épisodes 1 et 2. Le scénario semble ici prendre des pincettes et ne pas faire confiance en la capacité du spectateur à adopter le second degré. Chaque comportement ou propos sexiste, raciste ou colonialiste du protagoniste est présenté comme une gaffe et ou assorti d’un commentaire voulant à tout prix rassurer : attention, c’est le ressenti du personnage et pas celui du scénariste. Comme si le politiquement correct et la peur des réactions des tenants de l’ordre moral limitaient les frontières de la dérision et de l’humour noir.
- Christophe Brachet © MANDARIN PRODUCTION - GAUMONT - M6 FILMS - SCOPE PICTURES
Le binôme Dujardin-Niney est en outre décevant, loin de l’efficacité du couple Depardieu-Richard dans La chèvre. On sent l’hésitation des auteurs par rapport à la place du personnage d’OSS 1001, geek métrosexuel et progressiste, aux antipodes de son aîné. Entre clown blanc omniprésent et second rôle emblématique, ils ont finalement opté pour le deuxième choix, ce que confirment l’affiche et le générique. Or, c’est justement l’opposition entre les deux espions qu’il aurait fallu creuser. On est donc in fine face à un produit plaisant, mais superficiel. Nicolas Bedos, qui a participé à l’adaptation et assuré la réalisation, aurait dû être davantage impliqué dans le scénario et les dialogues. Le dramaturge, chroniqueur et humoriste s’est en effet souvent montré mordant, y compris dans ses deux réalisations de cinéma que furent Monsieur et Madame Adelman et La Belle époque. Là, il est cantonné à un rôle de coordinateur qu’il assure avec professionnalisme, mais sans éclat, jouant la carte du minimum syndical. Mais peut-être que ce troisième volet n’est-il qu’un épisode de transition, avant un prochain élan de la franchise. OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire a été présenté en dernière séance du 74e Festival de Cannes, après la cérémonie de clôture.
Interview d’Anne-Sophie Versnaeyen, compositrice d’OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
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