C’était mieux avant
Le 15 mai 2022
Nicolas Bedos surfe sur la vague de la nostalgie, dans un film qui ne manque pas de charme, tout en pâtissant d’une mise en scène brouillonne.
- Réalisateur : Nicolas Bedos
- Acteurs : Fanny Ardant, Guillaume Canet, Daniel Auteuil, Pierre Arditi, Michaël Cohen, Lizzie Brocheré, Bruno Raffaelli, Thomas Scimeca, Doria Tillier
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution, Orange Studio
- Durée : 1h55mn
- Date télé : 22 mars 2024 22:31
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 6 novembre 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
Résumé : Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour...
Critique : Au cours du tournage de La Belle époque, son réalisateur était amoureux. Impossible d’expliquer autrement les mouvements de caméra qui accompagnent chacun des mouvements de Doria Tillier, comme si chaque prise était une déclaration d’amour envers une actrice, dont la présence participe au charme d’un film qui surfe sur la vague de la nostalgie. Un mot décidément sur toutes les lèvres, tant le spectateur lambda semble perdu dans une époque à laquelle il a bien du mal à s’identifier. Alors que les rediffusions des feuilletons et dessins animés de notre enfance attirent toujours davantage un public déboussolé, qui se tourne vers ce qu’il connaît bien, Nicolas Bedos présente un film qui n’est pas une critique de cette nouvelle pratique, mais bien la glorification d’un présent qui, par bien des aspects, n’est pas si mal.
Présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2019, La Belle époque évoque l’appel à la régression, à la nostalgie d’un passé que l’on ne peut que glorifier en voyant les années passer, et le temps filer entre nos doigts. C’était mieux avant ? Peut-être pas tant que ça.
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Entre comédie et drame, laissant un goût amer, le second long-métrage de Nicolas Bedos montre que chacun tente de retrouver les codes d’une époque, au cœur de laquelle se nichent nos plus beaux souvenirs. En évoquant la grande perplexité que ressentent beaucoup de spectateurs face au progrès et à l’évolution de notre société, le réalisateur témoigne d’une anxiété que ses acteurs sont chargés de retranscrire. L’agressivité pour Guillaume Canet, la passivité pour Daniel Auteuil, le cynisme pour Fanny Ardant… Chaque personnage réagit différemment face à une époque, et plus personnellement à une existence qu’il ne reconnaît pas et qui ne lui plaît plus. La solution idéale ? Se replonger dans le passé.
Et comme le disait Louis-Jules Mancini-Mazarini au XVIIIe siècle (glorieuse époque) : "Tout est commerce en ce monde". D’où le scénario, fondé sur une société créée par Antoine (Guillaume Canet), qui propose à ses clients une plongée dans une époque du passé de son choix. Tout est fictif, sauf la plénitude que ressentent des citoyens lambdas, qui quittent pour un temps une époque jugée trop dure – la nôtre.
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Au-delà de l’aspect navrant d’une telle pratique, le marketing révélant la profonde souffrance morale d’une population qui cherche tous les moyens pour s’évader : La Belle époque évoque un autre temps, pour le cinéma et l’audiovisuel en général. En montrant les coulisses, Nicolas Bedos rappelle le côté artisanal du divertissement, aussi bien au cinéma qu’au théâtre. Des décors, de la documentation, des costumes, des comédiens à diriger… L’inflation des séries a rebattu les cartes, notamment au niveau de l’émotion (la surconsommation n’impactant plus autant le spectateur) ; aussi le réalisateur a-t-il imaginé son film comme une reconstitution qui immergerait physiquement le public.
C’est là que le couple formé par un Daniel Auteuil émouvant et une Doria Tillier sublime intervient, tant croire en leur rencontre est nécessaire.
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Le film ne manque certes pas de charme, mais s’emmêle en voulant trop en dire. Daniel Auteuil est charmant, Fanny Ardant se fait plaisir, mais le personnage de Guillaume Canet casse la belle harmonie de la reconstitution, en étant aussi désagréable que possible - ce que ni les clients de son entreprise, ni les spectateurs de La Belle époque ne recherchent. Écorché vif, malgré ses bonnes intentions, il semble personnifier la dureté d’un monde, dont le public qui verra le film de Nicolas Bedos n’a pas besoin de se rappeler.
La principale attraction du long-métrage est peut-être dans son constat : la nostalgie, quoiqu’elle fasse du bien un court instant, témoigne du mal-être d’une société en manque de repères. La vie en rose ? Ça, c’était décidément avant.
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nani 13 novembre 2019
La Belle Époque - Nicolas Bedos - critique
4 étoiles à un film aussi grossier, vulgaire , débile , foutoir ????
c’est la première fois de ma vie que je sors d’une salle de cinéma au bout d’1h1/4 , et il restait encore 46mn .... ; ;
ceciloule 30 juin 2020
La Belle Époque - Nicolas Bedos - critique
J’avoue être plutôt tout à fait d’accord avec la critique et trouver la notation un peu dure... Le charme suranné de la réalisation m’a séduite, offrant une parenthèse finalement charmante. J’en parle plus longuement sur Pamolico, blog de critiques : https://pamolico.wordpress.com/2020/06/30/la-belle-epoque-nicolas-bedos/