L’agent spécial à Saint-Tropez... non, au Caire
Le 2 août 2021
Série B assumée à l’excès, les aventures amusantes, rétros et franchouillardes du cousin français pas brillant de James Bond.
- Réalisateur : Michel Hazanavicius
- Acteurs : Jean Dujardin, Aure Atika, Bérénice Bejo, Éric Prat, Philippe Lefebvre, Saïd Amadis, François Damiens, Claude Brosset
- Genre : Comédie, Action, Espionnage
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 25 février 2024 23:00
- Chaîne : W9
- Date de sortie : 19 avril 2006
- Voir le dossier : La saga OSS 117
Résumé : Égypte, 1955, Le Caire est un véritable nid d’espions. Tout le monde se méfie de tout le monde, on complote à tous les coins de rue : Anglais, Français, Soviétiques, la famille du roi déchu Farouk qui veut retrouver son trône, les Aigles de Kheops, une secte islamiste... René Coty, président de la République, envoie son arme maîtresse pour mettre de l’ordre au Moyen-Orient : Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117...
Critique : OSS 117 est un film des années 60-70 tourné dans les années 2000. Une version remise au goût du jour des films de Louis de Funès, passés à la moulinette de la parodie des Austin Powers et autres Nuls. Une adaptation des désuets romans de gare du même nom, qui assume son ridicule, ses invraisemblances et ses prises de positions plus que douteuses, en en faisant l’incessante caricature. Les assume car les rend totalement ridicules, fausses, et par plus d’une fois gênantes, surtout passées au crible de l’actualité.
Car l’agent OSS 117, totalement dévoué à son président (il distribue des photos de Coty comme on donne un pourboire), persuadé de la supériorité française (blanche et catholique donc), est un agent spécial machiste, raciste, colonialiste et grossier, mais aussi un dragueur invétéré. Donc français, très français. Aussi français dans ses travers que James Bond est anglais par ses qualités. On imagine sans mal le comique de situation historico-culturel qui se dégagera de l’immersion d’un tel spécimen en plein monde arabo-musulman, et les jugements aussi insultants que naturels - à ses yeux - qui en naîtront (vraiment, quelle religion d’abrutis que l’Islam...). Cet humour franchouillard et colonialiste est évidemment totalement dynamité par le grotesque du film, qui joue sur ce décalage, et s’amuse de propos réactionnaires, comme on s’amuserait d’un vieux film qui aurait été sérieux à l’époque.
Personnages caricaturaux, décors kitsch, flash-back grotesques, jeu des acteurs outranciers (les rires totalement superficiels sont notamment une belle réussite), la série B est plus qu’assumée, portée comme un étendard. Et ça marche, pour peu qu’on se décrispe et supporte l’humour potache dans ses deux sens : premier sens frontal et seconde lecture au filtre de la caricature d’une idéologie française d’après-guerre (tristement encore d’actualité).
Le résultat, qui tient aussi à la bonne tenue de Jean Dujardin, ridicule, grotesque et affreusement français à souhait (jusque dans ses attitudes physiques), mérite le détour. Les scénaristes ont su être assez habiles pour contourner les attaques racistes et islamophobes par la surenchère et la caricature (les Français sont au moins aussi stupides). Certaines scènes qui nous font d’abord nous crisper dans nos fauteuils finissent par nous faire rire, à l’image d’OSS 117 hurlant "Allah ou’Akbar !" au milieu d’une bande de fanatiques dont il ne comprend pas les motivations. Ce fil comique, tiré à volonté et sans cesse alimenté de références au cinéma de série B (le type qui suit le héros partout, le fidèle contremaître, les fonds incrustés pendant les scènes en voiture, etc.), parvient à faire tenir l’édifice une heure et demi durant. On s’amuse, sans trop se soucier du scénario, faussement imprévisible et prétexte aux gags. Tout cela est mal joué, passé de date et invraisemblable, mais c’est voulu. Donc c’est réussi.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : À écouter absolument, les commentaires audio de Jean Dujardin et Michel Hazanavicius. En parfaite harmonie, les deux hommes dissertent sur tous les aspects de leur film avec humour, intelligence et pertinence. On en viendrait presque à regretter que le film soit si court. Autres bonus pour parfaire sa connaissance sur OSS, un making of un peu léger qui s’efforce d’en montrer le plus possible en un minimum de temps. Les scènes coupées sont dispensables car absolument pas essentielles à un approfondissement du personnage ou de son univers. Enfin un bêtisier assez fendard clôt cette édition simple bien conçue.
Image & son : Magnifique résultat avec une image soignée à l’extrême - les couleurs sont éclatantes à souhait. La piste sonore DTS va vous envelopper pour mieux vous transporter au Caire. Dépaysement garanti !
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LeSariDeMadame 3 mars 2007
OSS 117, Le Caire nid d’espions - Michel Hazanavicius - critique
Un peu peur au début que le film ne s’appuie que sur la parodie et les blagues référentielles (peur parce que c’aurait été d’une part insuffisant et de l’autre inaccessible à mes enfants), et puis très très vite on passe à d’autres choses : des gags qui font mouches, des courses poursuites élégantes, des poules abruties, un Bambino et un Jean Dujardin hilarants (l’attitude amusée autant qu’incrédule de Bérénice Béjot est un régal), une France ignorante, raciste, misogyne et homophobe des années... ?
Hazanavius ne ressemble décidemment pas à nombre de ses confrères français puisque son film est travaillé d’un bout à l’autre : du scénario à l’éclairage, rien à redire.
Un film à voir et revoir à partir de 9-10 ans.