Le 25 avril 2019
Isabelle Adjani revient sur scène, dans une adaptation théâtrale réussie du film de John Cassavetes.
- Acteurs : Isabelle Adjani, Frédéric Pierrot, Zoé Adjani-Vallat, Morgan Lloyd Sicard
- Metteur en scène : Cyril Teste
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Salle de Théâtre : Théâtre des Bouffes du Nord
- Plus d'informations : Théâtre des Bouffes du Nord
Résumé : Un soir après le spectacle, du côté de l’entrée des artistes, une toute jeune fille attend parmi la foule des chasseurs d’autographes. Elle a dix-sept ans à peine. Elle s’appelle Nancy. Lorsque la grande actrice Myrtle Gordon franchit enfin le seuil du théâtre, Nancy se précipite, l’enlace, tombe à ses genoux. Inlassablement, elle lui répète « Je vous aime, je vous aime ». Myrtle est touchée par sa passion, sa fraîcheur, sa beauté. Voit-elle en son admiratrice une image d’elle toute jeune ? Un instant plus tard, Nancy est renversée par une voiture, près de son idole. Elle est tuée sur le coup...
Notre avis : Opening Night (la première d’une représentation) est à l’origine une pièce de théâtre de 1968 de John Cromwell, à propos d’une grande actrice s’apprêtant à interpréter Arkadina dans La Mouette de Tchekhov. John Cassavetes a réalisé une adaptation culte, en 1977, avec son épouse, l’actrice Gena Rowlands. Elle y joue le rôle d’une star, Myrtle Gordon, qui doit endosser le rôle principal d’une pièce nommée The Second Woman. Au cours d’une des représentations, elle est témoin de la mort accidentelle d’une jeune fille de dix-sept ans, blonde comme elle, qui lui avait, juste avant de mourir, indiqué combien elle aimait son travail jusqu’à la folie. Après ce drame, Myrtle sombre dans une dépression alcoolisée, hantée par ce deuil auquel elle s’identifie et par son propre vieillissement.
C’est Isabelle Adjani qui a demandé à Cyril Teste de réaliser cette nouvelle version. Le metteur en scène avait, en effet, déjà magistralement réussi son adaptation théâtrale précédente, celle du film Festen, en incluant un dispositif vidéo sophistiqué, qui permettait aux spectateurs du théâtre d’être, en même temps, ceux d’un film.
Cyril Teste a défini ce nouveau projet comme le portrait d’une femme et d’une actrice. Une fois de plus, il utilise en parallèle la vidéo, ce qui n’est pas sans rappeler la manière de filmer très brute de John Cassavetes. L’intrigue est nettement simplifiée par rapport au film, puisqu’elle nous immerge dans le cadre d’une répétition, grâce à une méthode originale que l’on ne dévoilera pas ici. Le focus est mis sur Isabelle Adjani, qui est l’objet quasi unique de la pièce. Quoiqu’extraites du film, certaines situations résonnent étrangement justes, ont une dimension biographique. Plusieurs fois, le spectateur est saisi : est-ce l’actrice qui parle ou joue-t-elle un rôle qui... est en fait le sien ? Emerge ici la problématique de la comédienne, prise dans un jeu de miroirs infini mais pas éternel, car la mort n’est jamais loin. De même, s’agit-il de confidences personnelles, d’une pièce ou d’une répétition, car Cyril Teste y joue son propre rôle (ou celui d’un acteur interprétant un metteur en scène ?). Celui de la jeune fille décédée est incarné par la propre nièce d’Isabelle Adjani. Les spectateurs sont ainsi immergés et troublés, de manière très efficace, par cette mise en scène qui les contraint à lâcher prise, en ne se souciant pas du niveau de fiction dans lequel ils se situent.
Sans atteindre l’incroyable jeu de Gena Rowlands, débordant de chaos et d’émotions, Isabelle Adjani se livre, avec un plaisir partagé et une retenue qu’on aurait pu peut-être souhaiter moins maîtrisée, à une introspection distanciée. Elle est soutenue dans sa démarche par les interprétations réussies de Morgan Lloyd Sicard et de Frédéric Pierrot, qui assument respectivement le rôle de Manny Victor, le metteur en scène interprété par Ben Gazzara dans le film, et de l’acteur Maurice Aarons, joué par John Cassavetes, dans le long métrage. Il faut aller voir cette pièce qui nous interroge, sans emphase, sur la raison d’être d’une actrice, sur celle du théâtre, donc sur le sens de la vie.
"Opening night", d’après un scénario de John Cassavetes.
Mise en scène de Cyril Teste.
Du 3 au 26 mai 2019, au théâtre des Bouffes du Nord.
Galerie photos
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Alain-Patrick 5 mai 2019
Opening night - la critique du spectacle
J’ai tellement adoré ce film et la fabuleuse interprétation de Gena Rowlands et aussi bien aimé Festen de Cyril Teste que j’avais sans doute des attentes inconscientes.J’ai été bien déçu. Une impression de lourdeur,par moment à un tel point que c’en était risible. J’ai trouvé le jeu de l’excellent Frédéric Pierrot assez juste,Morgan Lloyd Sicard m’a crispé,celui d’Adjani,que dire,en retenue, appliqué, superficiel,je précise que j’apprécie cette actrice habituellement,bref,tout était trop appuyé. J’étais étonné d’entendre autour de moi que les spectateurs venaient pour elle, qu’ils n’avaient pas vue depuis longtemps et ni pour l’œuvre ni pour le metteur en scène.C’est certainement créatif mais tellement loin de cette œuvre magistrale de Cassavetes. Adjani ne m’a ému que lors des saluts. Donc lorsque je lis des critiques enthousiastes je me demande si elles sont vraiment réelles ou juste dues au mythe Adjani.Intouchable.
Ceci étant j’apprécie votre article et vos critiques en général mais je m’attendais à mieux.