Le 16 juillet 2018
Depuis plus de vingt ans, le Musée du château d’Anne de Bretagne à Nantes a fait le choix d’être un lieu porteur de l’identité d’un territoire dans son exposition permanente consacrée à l’histoire de la ville de Nantes. En accueillant l’exposition clés en mais sur les Vikings, produite par le Musée historique de Suède, situé à Stockholm, on est censé rappeler la présence des Vikings dans l’Ouest de la France et en particulier leur base sur l’île de Bièce à Nantes d’où ils ravagèrent Bretagne, Poitou et Bourgogne au début du Xe siècle.
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- APAPA ROSENTHAL® & atelier shiroÏ -Crédit photo © David Gaillard & Tore Bjørn Stensrud - Le Voyage à Nantes 2018
Depuis plus de vingt ans, le Musée du château d’Anne de Bretagne à Nantes a fait le choix d’être un lieu porteur de l’identité d’un territoire dans son exposition permanente consacrée à l’histoire de la ville de Nantes. Ceci est souvent relayé de façon plus ou moins directe par des expositions temporaires, on se souvient que La Soie & le Canon : France-Chine (1700-1860) de fin juin à début novembre 2010 se donnait pour mission d’exposer l’évolution des relations entre la Chine et l’Europe occidentale et l’évolution de la vision des Chinois qu’ont les Français. Ceci avait un lien avec le passé des armateurs nantais et en particulier les actions de Thomas Dobrée qui arme une première expédition commerciale vers la Chine en 1818 et demande dès cette date au capitaine du vaisseau d’acquérir pour lui des objets chinois ou d’en faire fabriquer selon certaines indications qu’il donne. En accueillant l’exposition clés en mais sur les Vikings, produite par le Musée historique de Suède, situé à Stockholm, on est censé rappeler la présence des Vikings dans l’Ouest de la France et en particulier leur base sur l’île de Bièce à Nantes d’où ils ravagèrent Bretagne, Poitou et Bourgogne au début du Xe siècle.
L’argument : Cette exposition a déjà circulé à Ottawa, New-York, Sydney, Chicago, Barcelone, Tallinn. Tout a été fourni par le Musée historique de Suède, objets et muséographie, pour cette exposition qui se déroule de début juin au 18 novembre 2018. Notons qu’elle est gratuite pour les moins de 18 ans, et accessible pour 5 ou 8 euros. Au rez-de-chaussée du bâtiment du Harnachement, où elle se tient, on trouve ces trois premières parties : À la rencontre des Vikings, Une communauté centré sur la famille et Des habitations colorées et animées. Le premier étage propose les thèmes suivants : Bien plus qu’un culte, La vie et la mort, Le savoir-faire scandinave, En voyage d’affaires, Périple en mer.
Notre avis : Il est clair que le discours veut faire évoluer l’image caricaturale des Vikings qu’a le visiteur lambda et il est évidemment certain qu’il y parvient. On nous explique d’ailleurs à la fois que les activités des Vikings ne constituaient pas qu’en pillage mais aussi en commerce et que les Scandinaves eux-mêmes craignaient les vikings (dans le sens de pillards qu’il prend tardivement) comme certains textes le rapportent. Ceci dit un petit malin dirait qu’ils revendaient surtout ce qu’ils avaient volé ou obtenu par menace de destruction et que le nombre d’esclaves si important numériquement dans cette société a forcément été le fruit de combats victorieux. En fait le terme de "viking", pour désigner ces populations, qui descendent du nord de l’Europe afin de généralement semer la terreur, en vieux norois renvoie à l’origine au voyage et par extension à celui qui voyage.
En lisant attentivement les cartels, mais pas le texte du catalogue, on s’aperçoit que l’on a une proportion non négligeable de copies. Cela s’explique vraisemblablement par le coût faramineux de l’assurance en cas contraire (on imagine que la côte d’une broche en or découverte en Poméranie doit atteindre certains sommets), la volonté de ne pas priver le peuple suédois pendant des années de ses trésors culturels et aussi le poids de certains objets comme la haute pierre découverte sur l’île de Gotland qui met en scène sur une demi-douzaine de niveaux les funérailles et l’arrivée dans l’au-delà du chef défunt (reproduction page 165 du catalogue).
La photographie de scènes, d’habitations ou de pièces de bâtiments est le fruit de reconstitutions réalisés dans ce qu’on pourrait qualifier de centres d’interprétation (même si ces établissements culturels semblent avoir pris parfois le nom de musée). On a un très intéressant cliché, page 78, d’un des espaces du village viking de Foteviken en Scanie. Globalement on apprend beaucoup sur la vie, les croyances et la division de la société scandinave de l’époque. Division dans le rôle propre à chaque sexe, avec d’ailleurs semble-t-il un rôle divinatoire plus particulièrement joué par les femmes et composition en trois classes (les aristocrates, le peuple et les esclaves).
Chaque espace a sa muséographie propre et celle-ci peut rappeler des éléments culturels, ainsi la partie du "Savoir faire scandinave" est-elle proposée dans un élément décoratif qui stylise l’avant des bateaux vikings, prenant ainsi une forme de S. D’autre part on remarque, des dispositifs éclairants (et éclairés), comme une table avec un centre fixe représentant la Scandinavie et une couronne extérieure (au sens géométrique du terme) qui permet de se faire une idée de ce que les Vikings ramenaient de certains pays. On découvre qu’ils prenaient dans la première Russie (appelée Rus’ et centrée sur Kiev) des peaux, les espaces francs du verre, l’Angleterre du fer, les environs de la Caspienne de la soie, les bords de la Baltique orientale de l’ambre… Certains anglophiles ne manqueront pas de remarquer le dispositif qui, sous forme de volets tournants, permet de comprendre que la mythologie noroise a laissé certaines traces dans la langue de Shakespeare. Ainsi Tuesday vient du jour du dieu Tyr, Thursday du dieu Thor et Wednesday du dieu Wotan (appelé aussi par nous Odin).
Et les Vikings en Bretagne dans tout ça, pour parodier Jacques Chancel, me direz-vous. La surprise, comme dans les blagues écossaises est l’absence de cette partie dans l’exposition en question, alors que le catalogue de l’exposition nous offre sur le sujet une très belle dissertation d’Élisabeth Ridel-Granger en une bonne quinzaine de pages. Pour cela, il faudra aller voir l’exposition Namsborg : des Vikings à Nantes qui se tient, avec des prêts d’originaux de la part du Musée départemental Dobrée de Loire-Atlantique. Ceci jusqu’au 6 janvier 2019, au Chronographe dans la ville voisine de Rezé, connue pour son immeuble de Le Corbusier. Mais ceci est une autre histoire…
Nous les appelons Vikings. Exposition au Musée du château des ducs de Bretagne à Nantes jusqu’au 18 novembre 2018.
Nous les appelons Vikings : catalogue d’exposition. Gunnar Anderson et Élisabeth Ridel-Granger. Presses universitaires de Rennes ; Éditions du Musée du Château des ducs de Bretagne, 2018. 253 pages. 39, 50 euros.
Signalons que tiré à seulement 3 000 exemplaires, cet ouvrage devrait être très rapidement épuisé à l’état neuf.
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