Jérusalem, regards croisés
Le 15 novembre 2006
Radiographie des rapports israélo-palestiniens sur fond de plans cadastraux.
- Réalisateur : Amos Gitaï
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Israélien, Français
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Durée : 1h29mn
Radiographie des rapports israélo-palestiniens sur fond de plans cadastraux.
L’argument : Une maison en plein Jérusalem que les propriétaires palestiniens, les Dajani, ont été contraints d’abandonner en 1948 pendant le conflit israélo-arabe. Le destin d’une demeure, de ses habitants successifs comme sonde de l’Israël d’aujourd’hui...
Notre avis : A nouveau, les détracteurs d’Amos Gitaï lui reprocheront certainement son caractère brouillon et alambiqué. Regard rétrospectif sur les vingt-cinq dernières années, News from home, news from house donne pourtant un sens nouveau au fameux dialogue israélo-palestinien. Sur les instances du producteur Thierry Garrel, le cinéaste enquête pour savoir ce que sont devenus les héros de ses films House (1980) et Une maison à Jérusalem (1998) tous deux arrimés à une demeure dont la guerre de 1948 les a arrachés.
Port d’attache sentimental, ce bâti devient "la métaphore" revendiquée d’un "épuise[ment] du Moyen-Orient". En voulant "faire apparaître la structure masquée par le présent", Gitaï décrypte autant le chassé-croisé des diasporas juives et palestiniennes depuis la fondation de l’Etat d’Israël qu’il livre le palimpseste intime de son œuvre cinématographique. A ce titre, News from home, news from house est son long métrage le plus personnel. Des incises bleu pétrole de House au velouté crépusculaire de Caroline Champetier (Free zone, 2005), Gitaï semble traquer les mouvements lumineux comme des états d’âme psychologiques ou politiques. Soudain, les plans de Jérusalem sous un ciel triste photographient le Mur des Lamentations qui sépare le dôme doré du Rocher de la mosquée argentée El Aqsa. Les deux monuments semblent se regarder en chiens de faïence. Chez Gitaï, les lieux sont porteurs d’une signification existentielle. Un procédé emprunté à Virginia Woolf et que le cinéaste, architecte de formation, habite avec sensibilité. Chaque séquence du film s’ouvre sur le perron d’une porte, la caméra suit les arêtes des murs ou court le long de grilles striant l’espace. Dans ces étendues claustrophobes, point de salut hors de l’exil à Amman en Jordanie, comme pour Rabija, quatre-vingts ans de mémoire vivante.
A la suite de Pour un seul de mes deux yeux d’Avi Mograbi, News from home, news from house ouvre la porte au débat sociétal. Jusqu’à une possible réconciliation ?
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