Le 20 avril 2019
A travers cette promenade urbaine, Amos Gitaï s’applique à peindre en demi-teinte le tableau de la société israélienne d’aujourd’hui sans parvenir à nous convaincre de l’efficacité de sa démarche.
- Réalisateur : Amos Gitaï
- Acteurs : Mathieu Amalric, Yaël Abecassis, Pippo Delbono
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 24 avril 2019
- Festival : Festival de Venise 2018
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Résumé : A Jérusalem, le tramway relie plusieurs quartiers, d’est en ouest, en enregistrant leur variété et leurs différences. Cette comédie regarde avec humour des moments de la vie quotidienne de quelques passagers, de brèves rencontres qui se produisent au fil du trajet et qui révèlent toute une mosaïque d’êtres humains.
Notre avis : Depuis quarante ans, le réalisateur israélien Amos Gitaï, ancien combattant de Kippour et apôtre de la paix, pose son regard de cinéaste sur les soubresauts du Moyen-Orient. En 1982, il réalise Journal de campagne, un documentaire tourné dans les territoires occupés avant et pendant l’invasion du Liban et rend compte du malaise des soldats israéliens autant que du ressentiment des Palestiniens. Trente cinq ans plus tard, avec A l’ouest du Jourdain, il retourne sur ces mêmes terres occupées et filme avec sobriété les tentatives des citoyens des deux camps à surpasser les conséquences d’une occupation qui dure depuis plus de cinquante ans. Après avoir tourné en 2005 News from House/News from Home, censuré par la télévision israélienne et constituant la dernière partie d’une trilogie entamée en 1980 dans cette ville dit « trois fois sainte » il revient scruter une fois encore l’évolution du conflit israélo-palestinien.
- Copyright Orange Studio Cinéma - UGC Distribution
Pour ce faire, il plante sa caméra au cœur du tout récent tramway de Jérusalem, ville spirituelle qui accueille les grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam et où se mêlent peuples et groupes socio-économiques de tous horizons. Pour suivre au plus près les pans de vie de ses habitants, il suit le trajet des voyageurs d’une rame, lieu restreint qui impose une constante promiscuité. Faisant preuve d’un optimisme peu communicatif, il envisage ainsi la possibilité d’une coexistence pacifique entre les populations. Des quartiers palestiniens de Shuafat et de Beit Hanina à l’Est au Mont-Herzl à Jérusalem Ouest, les conversations sont les mêmes : le sport, la politique, la vie de famille, les histoires d’amour. Des hommes accostent lourdement (avec une attitude que le sexuellement correct européen n’hésiterait pas à qualifier de harcèlement) des femmes qui se détournent d’eux pour discuter shopping ou soins de beauté avec une amie rencontrée par hasard. Certains continuent d’étaler les différences entre les uns et les autres pour attiser, heureusement sans grand succès, la haine et secouent pour quelques minutes la torpeur de ce moyen de transport identique à celui de bien des pays. Si la fierté du réalisateur d’avoir pu s’adjoindre les services de quelques figures artistiques cosmopolite est palpable, celles-ci n’enrichissent pourtant guère cette kyrielle de personnages interchangeables.
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La prestation remarquée de Noa pour la séquence d’ouverture laisse présager une douce délicatesse. Pourtant, dans une mise en scène ostentatoire, l’apparition incongrue de Pippo Delbono (acteur et célèbre metteur en scène de théâtre italien), habillé d’un costume de prêtre catholique et déchiré par le drame de la Passion du Christ, trouble autant son voisin que le spectateur. Mathieu Amalric déclamant du Flaubert au milieu de voyageurs indifférents, détonne de la même façon.
Maintenant une perpétuelle distance entre le spectateur et cette mosaïque de personnages aux contours peu évocateurs, ce plaidoyer pour une cohabitation sereine rate sa cible.
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Festival Venise 2018 - hors compétition
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